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r d'eux, et que je ne voulais pas avoir l'air de ceder a la necessite. Pourquoi m'eloignerais-je d'elle? Ne sommes-nous pas deja que trop separes? Je n'ose plus ni presser sa main ni l'attirer sur mon coeur, je ne puis pas meme le penser sans tressaillir! Elle ne s'est pas detournee de moi, non, elle s'est elevee au-dessus de moi! Ce fut ainsi que tout resta sur l'ancien pied. Rien n'egalait le bonheur d'Edouard lorsqu'il se trouvait pres d'Ottilie, et la jeune fille aussi eprouvait une douce sensation qu'elle ne pouvait chercher a eviter, puisqu'elle lui devenait toujours plus indispensable. Le magnetisme mysterieux qu'ils avaient toujours exerce l'un sur l'autre, n'avait rien perdu de sa puissance. Quoiqu'habitant sous le meme toit, ils ne pensaient pas toujours exclusivement l'un a l'autre, s'occupaient souvent d'objets differents et suivaient les impulsions opposees de leur entourage, et cependant ils se trouvaient et se rapprochaient toujours. Quand ils entraient au salon, on les voyait bientot debout ou assis cote a cote: pour se sentir calmes et heureux, ils avaient besoin de se tenir ainsi le plus pres possible; mais ce rapprochement leur suffisait, sans leur faire desirer les communications plus positives du regard et de la parole. Alors ce n'etaient plus que deux personnes reunies en une seule par le sentiment instinctif d'un bien-etre parfait, et qui se sentaient aussi contentes d'elles-memes que du monde. Si l'un d'eux s'etait trouve retenu malgre lui a une extremite de l'appartement, l'autre se serait aussitot dirige vers ce point, sans avoir la conscience de ce mouvement. La vie etait pour eux une enigme dont ils ne comprenaient le mot que lorsqu'ils etaient ensemble. Ottilie semblait avoir retrouve un calme parfait et une entiere serenite d'esprit, au point que l'on croyait n'avoir plus rien a redouter pour elle. Jamais elle ne se dispensait de paraitre aux reunions de la famille, la table seule exceptee. Elle avait si vivement manifeste le desir de manger seule dans sa chambre, qu'on s'etait cru oblige de ceder a cette fantaisie. Nanny seule etait chargee de la servir. Les choses qui arrivent ordinairement a tels ou tels individus, se representent plus souvent que nous ne le croyons, parce qu'elles sont pour ainsi dire une consequence de leur nature. Le sentiment de l'individualite, les penchants, les tendances, les localites, les entourages et l'habitude, forment un element, une atmosphere ou seu
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