ur enseigne au catechisme?
Passe encore pour le quatrieme commandement: _Honore ton pere et ta
mere_. Que l'enfant se penetre bien de ce commandement pendant
la lecon, il trouvera, le long du jour, le moyen de le mettre en
pratique; mais le cinquieme, a quoi bon: _Tu ne tueras pas_: comme si
c'etait une chose toute simple et tres-recreative que de s'entre-tuer.
Un homme fait s'abandonne a la colere, a la haine, a d'autres funestes
passions, et peut, egare par elles et par la force des circonstances,
aller jusqu'a tuer son semblable; mais n'est-ce pas une atroce folie
que de defendre a de pauvres enfants le meurtre et l'assassinat? Si
on leur disait: Occupe-toi du bien-etre des autres, cherche a leur
procurer ce qui leur est utile, a eloigner d'eux ce qui peut leur
nuire; expose ta vie pour sauver la leur, et songe que le mal que
tu pourrais leur faire retomberait sur toi-meme, ce serait la des
enseignements tels qu'on doit en donner a des peuples civilises,
et cependant on leur accorde a peine une petite place dans les
instructions supplementaires du catechisme.
--Et le sixieme commandement! N'est-il pas horrible? Attirer la
curiosite des enfants sur les mysteres les plus dangereux, et
enflammer leur imagination par des paroles enigmatiques, n'est-ce pas
les jeter de force au milieu des ecueils qu'on veut leur faire eviter?
et ne vaudrait-il pas cent fois mieux abandonner au bon plaisir d'un
tribunal secret le chatiment de pareils crimes, que d'en bavarder en
pleine eglise devant la commune reunie?
Ottilie entra doucement et Mittler continua avec feu:
--_Tu ne commettras point d'adultere_! Que c'est grossier! Que c'est
inconvenant! Est-ce que cela ne sonnerait pas mieux aux oreilles si
l'on disait: Respecte les liens du mariage, et quand tu verras des
epoux heureux, rejouis-toi de leur bonheur comme de l'eclat d'un beau
jour; s'il existe quelque sujet de mesintelligence entre eux, fais-les
disparaitre, rapproche leurs coeurs, reconcilie-les; fais-leur sentir
les avantages de leur position avec un genereux desinteressement;
fais-leur comprendre surtout que si l'accomplissement de chaque
devoir est une source de bonheur, celui de ce devoir qui unit
indissolublement le mari et la femme est la base de tous les autres
devoirs, de tous les autres bonheurs de la vie sociale.
Charlotte etait sur des charbons ardents, sa position etait d'autant
plus penible qu'elle savait que Mittler n'avait pas la conscience de
ce qu'i
|