es; mais l'influence de cette action
sur nos destinees, soit en bien soit en mal, est purement fortuite.
L'idee est unique, eternelle, et nous avons tort de nous servir du
pluriel pour l'exprimer. Tout ce que nous voyons, tout ce dont nous
pouvons parler, n'est qu'une des diverses manifestations de l'idee.
Nous exprimons des intuitions, et, en ce sens, l'idee n'est qu'une
intuition.
On ne devrait pas, en matiere esthetique, se servir de cette
locution: _idee du beau_, car par-la on isole le beau qu'on ne
saurait concevoir isolement. Les notions sur le beau peuvent etre
completes et transmissibles.
La manifestation de l'idee du beau est aussi fugitive que celle du
sublime, du spirituel, du gai, du ridicule; voila pourquoi il est si
difficile d'en parler.
On pourrait etre reellement esthetique dans le sens didactique, si
on faisait glisser ses eleves sur tout ce qui concerne le sentiment,
ou si on le leur faisait concevoir au moment ou ils en sont le plus
susceptibles. Mais comme il est impossible de remplir cette
condition, l'ambition d'un professeur doit se borner a donner a ses
eleves des notions d'un nombre suffisant de manifestations pour les
rendre accessibles a tout ce qui est beau, grand et vrai, et les
disposer a les recevoir avec joie quand ils l'apercoivent au moment
convenable. C'est ainsi que l'on poserait, a leur insu, la base des
idees fondamentales d'ou sortent tout les autres.
Plus on voit d'hommes distingues, plus on reconnait que la plupart
ne sont accessibles qu'a une seule manifestation des principes
primitifs, et cela est suffisant. Le talent developpe tout dans la
pratique et n'a pas besoin de s'occuper des particularites
theoriques. Le musicien peut, sans danger pour sa profession,
ignorer l'art du sculpteur; il en est ainsi de tous les arts.
On devrait toujours penser pratiquement, cela etablirait une etroite
parente entre les diverses manifestations de la grande pensee, qui
doivent etre mises en action et harmonisees entre elles par les
hommes. La peinture, la plastique, la mimique, sont des arts
inseparables, et cependant, l'artiste appele a exercer un de ces
arts, doit se garder de l'influence trop prononcee des autres. Le
peintre, le sculpteur et le mimique peuvent s'egarer mutuellement au
point de tomber tous les trois a la fois.
La danse mimique l'emporterait sur tous les autres arts si, par
bonheur pour eux, l'effet qu'elle produit sur les sens, n'etait pas
si
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