oduire, c'est trop en exiger.
L'electricite ne se manifesta d'abord que par le frottement;
aujourd'hui, ses plus grands phenomenes s'obtiennent par un simple
attouchement.
Personne ne contestera a la langue francaise l'avantage d'etre la
langue des cours et du grand monde, et de se propager de plus en
plus en cette qualite. Il en est de meme de la langue des
mathematiciens; c'est par elle qu'ils traitent les affaires les plus
importantes de ce monde et reglent, determinent et distinguent tout
ce qui, meme dans le sens le plus eleve, peut etre soumis au nombre
et a la mesure.
Tout etre pensant qui consulte son calendrier ou sa montre, se
souvient avec reconnaissance qu'il doit ces guides bienfaisants aux
mathematiciens. Mais si nous les laissons respectueusement regler le
temps, ils n'en doivent pas moins reconnaitre que nous voyons
quelque chose de plus eleve qui appartient a tout le monde, et sans
quoi ils ne pourraient rien voir eux-memes: ce quelque chose c'est
l'idee et l'amour.
Rien n'est plus nuisible a une verite nouvelle qu'une ancienne
erreur.
Un joyeux naturaliste disait un jour: Ou ne s'apercoit de l'existence
de l'electricite que lorsqu'on caresse un chat dans les tenebres, ou
lorsque le tonnerre gronde et que les eclairs brillent autour de nous.
Mais alors meme que vaut le peu ou le beaucoup que nous en savons?
"La passion des voyageurs a gravir les montagnes, a pour moi quelque
chose de barbare et d'impie. Les montagnes sont une preuve de la
force de la nature et non de la bonte de la Providence, car de
quelle utilite sont-elles pour l'homme? S'il veut y demeurer, il est
englouti en hiver par une avalanche, en ete par un rocher qui glisse
dans la vallee; un torrent entraine ses troupeaux, un coup de vent
enleve ses moissons. S'il se met en route, chaque montee est pour
lui la torture de Sisyphe, et chaque descente, la chute de Vulcain.
Ses sentiers sont encombres de pierres, et le torrent refuse de
porter sa nacelle. Si les elements epargnent ses troupeaux nains
qu'il nourrit peniblement, les betes feroces les devorent; il vegete
seul et tristement comme la mousse sur une pierre sepulcrale! Enfin
tous ces zigzags perpetuels, ces hautes murailles de montagnes, ces
rochers pyramidaux qui repandent sur les plus belles contrees les
terreurs des poles, quel etre bienveillant, quel ami des hommes
pourrait les voir avec plaisir?"
On peut repondre a ce paradoxe d'un digne homme, que s'il
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