able, afin qu'elle put passer dans la
pratique; mais un pareil developpement exigerait, de la part des
lecteurs, une attention trop grande, et qu'il serait injuste de
leur demander.
Nous avons beau vouloir jeter loin de nous ce qui nous est propre,
nous ne parvenons jamais a nous en debarrasser.
La philosophie moderne de nos voisins de l'ouest, prouve que les
individus comme les nations retournent toujours, quelle que soit
leur resistance, a ce qui leur est inne. Comment en serait-il
autrement, puisque ce qui est inne regle notre nature et nos
manieres d'etre? Les Francais ont renonce au materialisme et accorde
plus d'intelligence et de vie aux points de depart primitifs. Ils se
sont egalement detaches du sensualisme pour reconnaitre qu'il y a
dans les profondeurs de la nature humaine, quelque chose qui se
developpe par lui-meme. Ils accordent enfin a cette nature humaine
une force productive, et ne font plus consister l'art dans la simple
imitation des objets exterieurs. Puissent-ils continuer a suivre
cette direction.
Il ne peut pas y avoir de philosophie, mais des philosophes
eclectiques.
Tout homme qui s'approprie dans son entourage ce qui convient a sa
nature est eclectique. Ceci peut s'appliquer a tout ce qu'on appelle
civilisation, progres, soit qu'on le considere sous le point de vue
theorique ou pratique.
Deux philosophes eclectiques peuvent devenir des adversaires
passionnes, s'ils sont nes avec des dispositions differentes; car
alors chacun prendra dans toutes les philosophies connues tout ce
qui lui convient et ne convient pas a l'autre. Qu'on regarde autour
de soi et l'on verra que la plupart des hommes en agissent ainsi, ce
qui nous explique pourquoi il nous est si difficile de comprendre
comment les autres ne peuvent pas se convertir a nos opinions
a nous.
Il est rare que, dans un age tres-avance, on consente a se regarder
soi-meme et les autres sous le point de vue historique; d'ou il
resulte qu'on ne veut et qu'on ne peut plus se mettre en harmonie
avec personne.
En envisageant ce travers de plus pres, on reconnait que l'historien
lui-meme voit rarement l'histoire historiquement. Lorsqu'on raconte,
on croit voir passer les faits sous ses yeux, et l'on oublie de se
penetrer de ce qui etait et agissait a l'epoque ou se passaient ces
faits. Quant au chroniqueur, il ne designe que les limites, les
particularites de sa ville, de son monastere, de son temps.
Plusieurs dict
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