sont, comme la dialectique, l'organe d'un sens
noble et eleve; dans la pratique elles deviennent un art semblable
a celui de l'eloquence, car, pour l'un comme pour l'autre, la forme
est tout, et l'objet n'est rien: il est aussi indifferent aux
mathematiques de calculer des oboles ou des guinees, qu'a la
rhetorique de servir a la defense du vrai ou du faux.
En pareil cas tout depend du merite de l'homme qui pratique cette
science, qui exerce cet art. L'avocat eloquent et entrainant qui
defend et gagne une cause juste, et le mathematicien profond qui
calcule avec justesse la marche des etoiles, sont deux etres
egalement divins.
Il n'y a d'exact dans les mathematiques que l'exactitude qui n'est
elle-meme qu'une consequence du sentiment inne du vrai.
Les mathematiques ne sauraient faire disparaitre les prejuges,
modifier l'entetement ou calmer l'esprit de parti; elles sont
impuissantes pour tout ce qui concerne le monde moral.
Pour etre un mathematicien parfait, il faut etre avant tout un homme
accompli. Ce n'est qu'en sentant tout ce qu'il y a de beau dans le
vrai qu'il devient profond, penetrant, clair, gracieux et meme
elegant; car il faut etre tout cela pour ressembler a un Lagrange.
Ce n'est pas le langage par lui-meme qui est juste, energique ou
agreable, mais l'esprit qui se corporifie pour ainsi dire par le
langage. Il ne depend pas de nous de donner a nos calculs, a nos
discours, a nos poemes, les qualites desirables, si la nature nous
a refuse les qualites morales et intellectuelles necessaires pour
arriver a ce resultat. Les qualites intellectuelles consistent dans
la penetration et dans le pouvoir de mediter; et les qualites
morales, dans la force de conjurer le mauvais esprit qui nous
empeche de rendre hommage a la verite.
Expliquer le simple par le compose, le facile par le difficile, est
un mal profondement enracine dans le corps des sciences; la plupart
des savants le savent, mais fort peu en conviennent.
En meditant consciencieusement sur la physique, on reconnait que les
phenomenes et les experiences qui lui servent de base n'ont pas tous
la meme valeur.
Les phenomenes originels et les experiences primitives sont de la
plus haute importance, et tout ce qui en decoule immediatement est
immuable. En accordant le meme droit aux phenomenes et aux experiences
secondaires, on confond et on obscurcit tout ce que les premiers
avaient explique et eclairci.
Rien n'est plus fun
|