conseillent de les abattre.
Le bon sens est ne avec l'homme bien organise; il se developpe de
lui-meme et se manifeste par la connaissance du necessaire et de
l'utile. Cette connaissance est employee avec assurance et succes
par les hommes et par les femmes; et quand le bon sens leur manque,
les uns et les autres regardent comme necessaire ce qu'ils desirent,
et comme utile ce qui leur plait.
Des que les hommes parviennent a se rendre libres, ils mettent leurs
defauts en evidence; celui des forts est de tout exagerer; celui des
faibles est de tout negliger.
La lutte de l'ancien, du stable, du constant avec ses developpements
et ses transformations, est toujours la meme. L'ordre engendre le
pedantisme; pour se debarrasser de l'un on detruit l'autre, et l'on
marche au hasard jusqu'a ce qu'on eprouve de nouveau le besoin de
l'ordre. Le classique et le romantique, la maitrise et la liberte du
travail, la centralisation et le morcellement de la propriete fonciere,
ne sont qu'un seul et meme conflit qui en produit plusieurs autres.
La plus haute sagesse des gouvernants serait de modifier ce combat
de maniere a ce que les parties pussent se mettre en equilibre sans
qu'aucune d'elles perit. Mais il n'est pas donne a l'homme d'obtenir
ce resultat, et Dieu ne parait pas le vouloir.
Quelle est la meilleure methode d'education? Celle des hydriotes. En
leur qualite d'insulaires et de navigateurs, ils emmenent leurs
enfants males avec eux sur leurs navires ou ils les laissent grandir.
Des qu'ils peuvent se rendre utiles, ils ont leur part des benefices;
aussi s'interessent-ils de bonne heure au commerce, au butin, et
deviennent des navigateurs savants, des negociants habiles, des pirates
intrepides. D'un pareil peuple doit necessairement sortir, parfois, un
de ces heros qui lance de sa propre main la torche de l'incendie sur
le vaisseau de l'amiral ennemi.
Toute innovation, lors meme qu'elle serait excellente, nous gene
d'abord, parce que nous ne sommes pas a sa hauteur; elle ne devient
utile et precieuse que lorsque nous l'avons introduite dans notre
civilisation, et mis nos facultes intellectuelles a son niveau.
Nous nous plaisons tous plus ou moins dans le mediocre, parce qu'il
nous laisse en repos, et nous procure cette douce satisfaction que
l'on eprouve dans la societe de son semblable.
Ne cherchons jamais rien dans le commun, il est toujours le meme.
Quand nous nous trouvons en contradiction av
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