e se subordonner a ce qui est au-dessus de
nous, mais a ce qui est au-dessous.
Nos artifices se bornent a sacrifier notre existence au besoin
d'exister.
Toutes nos actions, tous nos efforts, ne sont qu'une fatigue
perpetuelle; heureux celui qui ne se lasse point.
L'esperance est la seconde ame des malheureux.
L'amour est un vrai recommenceur[3].
Note:
[3] Cette phrase est en francais dans le texte.
Il y a quelque chose dans l'homme qui semble demander la servitude,
voila pourquoi il y avait du servage dans la chevalerie
des Francais.
Au theatre, le plaisir de voir et d'entendre domine la reflexion.
L'experience peut s'etendre a l'infini; l'univers s'ouvre devant
elle avec ses routes innombrables; il n'en est pas de meme des
theories que les bornes de l'entendement humain entourent de toutes
parts. Aussi, toutes les manieres de voir, tous les systemes
reviennent-ils successivement; il arrive meme parfois, quoique cela
soit fort bizarre, que les theories les plus bornees s'accordent de
nouveau au milieu de l'experience la plus etendue.
Le monde, objet de nos contemplations et de nos pressentiments, est
toujours le meme; et ce sont toujours les memes hommes qui tantot
vivent dans le vrai, et tantot dans le faux, et qui, dans cette
derniere maniere d'etre, se sentent plus a leur aise.
La verite est en contradiction avec notre nature; il n'en est pas de
meme de l'erreur, et par une raison fort simple: la verite nous
force a voir les limites de notre intelligence, tandis que l'erreur
nous permet de croire que, sous quelques rapports du moins, cette
intelligence est illimitee.
Voici bientot vingt ans que les Allemands continuent a marcher sur
la route du transcendantalisme; si, un jour, ils viennent a s'en
apercevoir, ils se trouveront bien singuliers.
Il est bien naturel de croire que l'on sait encore ce qu'on a su
autrefois; il est moins naturel, mais non moins rare, de s'imaginer
que l'on sait ce qu'on n'a jamais su.
En tout temps ce sont les hommes et non l'esprit de l'epoque qui ont
fait faire des progres aux sciences. C'est l'esprit de l'epoque qui
a fait boire la cigue a Socrate; c'est l'esprit d'une autre epoque
qui a dresse un bucher a Jean Hus. Tous ces esprits se ressemblent;
c'est toujours le meme.
Le veritable symbole est celui qui represente le general par le
particulier, non comme un reve, une ombre, mais comme une revelation
vivante et spontanee de
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