nt bornees que nous croyons toujours avoir
raison; c'est ce qui explique l'opiniatrete de certains esprits
distingues, qui se plaisent dans l'erreur.
Il est difficile de trouver une cooperation sincere pour
l'accomplissement du bien; en ce cas, on ne rencontre presque jamais
que le pedantisme qui veut nous arreter, ou l'audace qui veut
nous devancer.
La parole et l'image sont deux correlatifs qui se cherchent sans
cesse, comme les tropes et la comparaison; voila pourquoi il serait
utile de mettre sous les yeux ce que l'on dit aux oreilles, ainsi
que cela se pratique dans les livres destines a la premiere enfance,
ou les images et le texte se balancent; mais il faut se borner a
peindre ce qui peut se dire, et dire ce qui ne saurait se peindre.
Malheureusement on parle souvent quand il faudrait peindre, d'ou il
resulte des monstruosites a double face, parce qu'elles sont a la
fois symboliques et mystiques.
Lorsqu'on se destine aux arts, il faut lutter d'abord contre le
mauvais vouloir des hommes qui n'attachent jamais aucun prix a nos
premiers travaux, et, plus tard, contre leurs pretentions
orgueilleuses, qui les poussent a feindre que tout ce que nous
pouvons faire de mieux leur etait deja connu.
Il n'y a pas de tresor plus precieux pour l'homme du monde, qu'un
recueil d'anecdotes et de maximes; pourvu qu'il sache les placer
a propos.
On dit a l'artiste: Etudie la nature! comme s'il etait si facile de
trouver le noble dans le vulgaire, et le beau dans le difforme.
La memoire diminue avec l'interet que nous inspirent les hommes et
les choses.
Le monde est une cloche felee; elle fait du bruit, mais elle ne
resonne pas.
Il faut supporter avec patience les importunites des jeunes amateurs
d'arts; en avancant en age ils deviennent toujours des connaisseurs
utiles, et des admirateurs zeles des artistes habiles.
Quand les hommes deviennent tout a fait mechants, ils n'ont plus
d'autre plaisir que celui de faire ou de voir faire le mal.
Les hommes d'esprit sont les meilleurs dictionnaires de la
conversation.
Il est des personnes qui ne se trompent jamais, parce qu'elles ne se
proposent jamais rien de raisonnable.
Lorsque je connais parfaitement ma position envers moi-meme et
envers les autres, je dis que je suis dans la verite. C'est ainsi
que chacun peut avoir sa verite a soi, qui n'est cependant que celle
de tout le monde.
La specialite se perd toujours dans la generali
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