ait
constamment promene dans les environs de la maison d'ete; aussi
n'avait-il pas tarde a apprendre la mort de l'enfant. Cette
catastrophe le touchait de plus pres que le Major, et cependant il ne
pouvait s'empecher de l'envisager sous le mome point de vue. Le compte
fidele que son ami lui rendit de son entrevue avec Charlotte, acheva
de le convaincre que rien ne s'opposait plus a ses desirs, et il
se decida sans peine a retourner avec lui au hameau. De la ils se
rendirent a la petite ville, lieu de leur premier rendez-vous, ou ils
se proposaient de combiner ensemble les moyens les plus convenables
pour realiser enfin ce divorce depuis si longtemps demande et refuse.
Apres le depart du Major, Charlotte resta plongee dans ses reflexions,
mais elle en fut bientot arrachee par le reveil d'Ottilie. La jeune
fille leva la tete et regarda sa tante avec de grands yeux etonnes.
Puis elle s'appuya sur ses genoux, se redressa et se tint debout
devant elle.
--C'est pour la seconde fois de ma vie, dit la noble enfant avec une
imposante et douce gravite, que je me trouve dans l'etat auquel je
viens de m'arracher. Tu m'as dit souvent que les memes choses nous
arrivent parfois de la meme maniere et toujours dans des moments
solennels. L'experience vient de me convaincre que tu disais vrai;
pour te le prouver, il faut que je te fasse un aveu.
Peu de jours apres la mort de ma mere, j'etais bien jeune alors, et
pourtant je m'en souviendrai toujours, j'avais approche mon tabouret
du sopha ou tu etais assise avec une de tes amies; la tete appuyee sur
tes genoux, je n'etais ni eveillee ni endormie, j'entendais tout, mais
il m'etait impossible de faire un mouvement, d'articuler un son. Tu
parlais de moi avec ton amie, et vous deploriez le sort de la pauvre
petite orpheline, restee seule dans le monde, ou elle ne pourrait
trouver que deception et malheur, si le Ciel, par une grace speciale,
ne lui donnait pas un caractere et des gouts en harmonie avec sa
position. Je compris parfaitement le sens de vos paroles, et je me
posai a moi-meme des lois, trop severes peut-etre, mais que je croyais
conformes a tes voeux pour moi. Je les ai religieusement observees
pendant tout le temps que ton amour maternel a veille sur moi, et je
leur suis restee fidele, meme quand tu m'as fait venir dans ta maison,
pendant les premiers mois, du moins.
J'ai fini par sortir de la route que je devais suivre, j'ai viole les
lois que je m'etais imposee, j'ai e
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