t pour un signal du Major.
C'etait l'explosion de l'arme a feu d'un chasseur qui parcourait les
montagnes voisines. Rien n'interrompit plus le silence solennel de la
contree, Edouard devint impatient et inquiet.
Ottilie s'apercut enfin que le soleil venait de disparaitre derriere
la cime des rochers; mais ses derniers rayons refractes etincelaient
encore sur les vitres de la maison d'ete.
--Eloigne-toi, Edouard, lui dit la jeune fille, songe que nous avons
souffert depuis bien longtemps avec patience et courage; n'anticipons
pas sur un avenir que Charlotte seule a le droit de regler. Je suis
a toi si elle le permet; si elle veut conserver ses droits je me
resignerai. Puisque tu as la certitude que nous touchons a l'instant
decisif, ayons le courage de l'attendre. Retourne au hameau, ou
peut-etre deja le Major te cherche en vain; car il n'est pas naturel
qu'il veuille avoir recours au moyen brutal d'un coup de canon pour
t'annoncer le succes de sa demarche. Je sais qu'il n'a pas trouve
Charlotte chez elle; mais il peut etre alle a sa rencontre, et avoir
besoin maintenant de te parler. Que sais-je tout ce qui peut etre
arrive. Laisse-moi, Charlotte va revenir, elle m'attend la haut a la
maison d'ete, moi et surtout son enfant.
Ottilie parlait avec un desordre et une vivacite extraordinaires;
elle se sentait si heureuse en presence d'Edouard, et cependant elle
comprenait la necessite de l'eloigner.
--Je t'en conjure, mon bien-aime, retourne au hameau, va attendre le
Major.
--Je t'obeis, repondit Edouard, en arretant sur elle un regard
passionne; puis il l'attira dans ses bras: la jeune fille l'enlaca des
siens et le pressa tendrement sur son coeur.
L'esperance passa sur leurs tetes comme une etoile qui se detache
du ciel pour eclairer la terre de plus pres. Se sentant unis ils
echangerent pour la premiere fois, et sans contrainte, des baisers
brulants; puis ils se separerent avec violence et douloureusement.
Le crepuscule du soir et les exhalaisons humides du lac enveloppaient
la contree. Restee seule, Ottilie tremblante et confuse leva les yeux
vers la maison d'ete; il lui semblait, qu'elle voyait flotter sur le
balcon la robe blanche de Charlotte. La route qui conduisait a cette
maison, en faisant le tour du lac, etait longue; et elle savait
combien sa tante etait sujette a s'inquieter quand, en rentrant chez
elle, elle ne trouvait pas son enfant. Les platanes de la place de
debarquement de la rive oppo
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