ourut plus apres les
souris, que pour se divertir.
MORALITE.
_Quelque grand que soit l'avantage,
De joueir d un riche heritage
Venant a nous de pere en fils,
Aux jeunes gens pour l'ordinaire,
L'industrie & le scavoir faire,
Vallent mieux que des biens acquis._
Autre Moralite.
_Si le fils d'un Meunier, avec tant de vitesse,
Gagne le coeur d'une Princesse,
Et s'en fait regarder avec des yeux mourans,
C'est que l'habit, la mine & la jeunesse,
Pour inspirer de la tendresse,
N'en sont pas des moyens toujours indifferens._
LES FEES.
_CONTE._
Il estoit une fois une veuve qui avoit deux filles, l'ainee luy
ressembloit si fort & d'humeur & de visage, que qui la voyoit voyait la
mere. Elles etoient toutes deux si desagreables & si orgueilleuses qu'on
ne pouvoit vivre avec elles. La cadette qui estoit le vray portrait de
son Pere pour la douceur & l'honnestete, estoit avec cela une des plus
belles filles qu'on eust sceu voir. Comme on aime naturellement son
semblable, cette mere estoit folle de sa fille ainee, & en meme temps
avoit une aversion effroyable pour la cadette. Elle la faisoit manger a
la Cuisine & travailler sans cesse.
Il falloit entre-autre chose que cette pauvre enfant allast deux fois le
jour puiser de l'eau a une grande demy lieue du logis, & qu'elle en
raportast plein une grande cruche. Un jour qu'elle estoit a cette
fontaine, il vint a elle une pauvre femme qui la pria de luey donner a
boire? Ouy da, ma bonne mere, dit cette belle fille, & rincant aussi
tost sa cruche, elle puisa de l'eau au plus bel endroit de la fontaine,
& la luy presenta, soutenant toujours la cruche afin qu'elle but plus
aisement. La bonne femme ayant bu, luy dit, vous estes si belle, si
bonne, & si honneste, que je ne puis m'empecher de vous faire un don,
(car c'estoit une Fee qui avoit pris la forme d'une pauvre femme de
village, pour voir jusqu'ou iroit l'honnestete de cette jeune fille.) Je
vous donne pour don, poursuivit la Fee, qu'a chaque parole que vous
direz, il vous sortira de la bouche ou une Fleur, ou une Pierre
precieuse. Lorsque cette belle fille arriva au logis, sa mere la gronda
de revenir si tard de la fontaine. Je vous demande pardon, ma mere, dit
cette pauvre fille, d'avoir tarde si long-temps, & en disant ces mots il
luy sortit de la bouche deux Roses, deux Perles, & deux gros Diamans.
Que voy-je-la, dit sa mere tout estonnee, je crois qu'il l
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