oint la plupart;
Mais du Cure sur tout la tristesse fut grande,
Car il en dejeuna fort tard
Et qui pis est n'eut point d'offrande.
L'Infante cependant poursuivoit son chemin
Le visage couvert d'une vilaine crasse
A tous Passans elle tendoit la main
Et tachoit pour servir de trouver une place;
Mais les moins delicats & les plus malheureux
La voyant si maussade & si pleine d'ordure
Ne vouloient ecouter ni retirer chez eux
Une si sale creature.
Elle alla donc bien loin, bien loin, encor plus loin,
Enfin elle arriva dans une Metairie
Ou la Fermiere avoit besoin
D'une soueillon, dont l'industrie
Allat jusqu'a scavoir bien laver des torchons
Et nettoyer l'auge aux Cochons.
On la mit dans un coin au fond de la cuisine
Ou les Valets, insolente vermine,
Ne faisoient que la tirailler,
La contredire & la railler,
Ils ne scavoient quelle piece lui faire
La harcelant a tout propos;
Elle etoit la butte ordinaire
De tous leurs quolibets & de tous leurs bons mots.
Elle avoit le Dimanche un peu plus de repos,
Car ayant du matin fait sa petite affaire,
Elle entroit dans sa chambre & tenant son huis clos,
Elle se decrassoit, puis ouvroit sa cassette,
Mettoit proprement sa toilette
Rangeoit dessus ses petits pots,
Devant son grand miroir contente & satisfaite;
De la Lune tantot, la robe elle mettoit
Tantot celle ou le feu du Soleil eclattoit,
Tantot la belle robe bluee
Que tout l'azur des Cieux ne scauroit egaler,
Avec ce chagrin seul que leur trainante queuee
Sur le plancher trop court ne pouvoit s'etaler.
Elle aimoit a se voir jeune, vermeille & blanche
Et plus brave cent fois que nulle autre n'etoit;
Ce doux plaisir la sustentoit
Et la menoit jusqu'a l'autre Dimanche.
J'oubliois a dire en passant
Qu'en cette grande Metairie
D'un Roy magnifique & puissant
Se faisoit la Menagerie,
Que la, Poules de Barbarie,
Rales, Pintades, Cormorans,
Oisons musquez, Cannes Petieres
Et mille autres oiseaux de bijares manieres,
Entre eux presque tous differents
Remplissoient a l'envi dix cours toutes entieres.
Le fils du Roy dans ce charmant sejour
Venoit souvent au retour de la Chasse
Se reposer, boire a la glace
Avec les Seigneurs de sa Cour.
Tel ne fut
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