elle fut absente,
En cette sorte au Prince elle parla,
Suivant sans le savoir, l'instinct qui s'en mela.
Souffrez, Seigneur, que je vous represente,
Que cette Princesse charmante,
Dont vous allez etre l'Epoux,
Dans l'aise, dans l'eclat, dans la pourpre nourrie,
Ne pourra supporter, sans en perdre la vie,
Les memes traittements que j'ai recu de vous.
Le besoin, ma naissance obscure,
M'avoient endurcie aux travaux
Et je pouvois souffrir toutes sortes de maux
Sans peine & meme sans murmure;
Mais elle qui jamais n'a connu la douleur,
Elle mourra des la moindre rigueur,
Des la moindre parole un peu seche, peu dure,
Helas! Seigneur, je vous conjure,
De la traitter avec douceur.
Songez, lui dit le Prince avec un ton severe,
A me servir selon votre pouvoir,
Il ne faut pas qu'une simple Bergere
Fasse des lecons, & s'ingere,
De m'avertir de mon devoir.
Griselidis a ces mots sans rien dire,
Baisse les yeux et se retire.
Cependant pour l'hymen les Seigneurs invitez,
Arriverent de tous cotez,
Dans une magnifique salle
Ou le Prince les assembla;
Avant que d'allumer la torche nuptiale,
En cette sorte il leur parla.
Rien au monde apres l'esperance;
N'est plus trompeur que l'apparence:
Ici l'on en peut voir un exemple eclatant,
Qui ne croiroit que ma jeune Maitresse,
Que l'hymen va rendre Princesse,
Ne soit heureuse & n'ait le coeur content?
Il n'en est rien pourtant.
Qui pourrait s'empecher de croire,
Que ce jeune Guerrier amoureux de la gloire,
N'aime a voir cet hymen, lui qui dans les Tournois
Va sur tous ses Rivaux remporter la victoire,
Cela n'est pas vrai toutefois.
Qui ne croiroit encor qu'en sa juste colere,
Griselidis ne pleure & ne se desespere?
Elle ne se plaint point, elle consent a tout.
Et rien n'a pu pousser sa patience a bout.
Qui ne croiroit enfin que de ma destinee,
Rien ne peut egaler la course fortunee,
En voyant les appas de l'objet de mes voeux?
Cependant si l'hymen me lioit de ses noeuds,
J'en concevrois une douleur profonde,
Et de tous les Princes du monde,
Je serois le plus malheureux.
L'enigme vous paroit difficile a comprendre,
Deux mots vont vous la faire entendre,
Et ces deux mots feront evanoueir
Tous les malheurs qu
|