iselidis se tournent tous les yeux,
Ou sa patience eprouvee,
Jusques au Ciel est elevee,
Par mille eloges glorieux:
Des peuples rejoueis la complaisance est telle,
Pour leur Prince capricieux;
Qu'ils vont jusqu'a loueer son epreuve cruelle,
A qui d'une vertu si belle,
Si seante au beau sexe, & si rare en tous lieux,
On doit un si parfait modele.
A MONSIEUR ----
EN LUI ENVOYANT
_GRISELIDIS_.
Si je m'etois rendu a tous les differens avis qui m'ont ete donnez sur
l'ouvrage que je vous envoye, il n'y seroit rien demeure que le Conte
tout sec & tout uni, & en ce cas j'aurois mieux fait de n'y pas toucher
& de le laisser dans son papier bleu, ou il est depuis tant d'annees. Je
le lus d'abord a deux de mes amis. Pourquoi, dit l'un, s'etendre si fort
sur le caractere de votre Heros, qu'a-t-on affaire de savoir ce qu'il
faisoit le matin dans son conseil, & moins encore a quoi il se
divertissoit l'apresdinee.
Tout cela est bon a retrancher. Otez-moi, je vous prie, dit l'autre, la
reponse enjoueee qu'il fait aux Deputes de son peuple, qui le pressent de
se marier; elle ne convient point a une Prince grave & serieux: vous
voulez bien encore, poursuivit-il, que je vous conseille de supprimer la
longue description de votre chasse? Qu'importe tout cela au fond de
votre histoire? Croyez-moi ce sont de vains & ambitieux ornemens qui
apauvrissent votre Poeme au lieu de l'enrichir. Il en est de meme
ajouta-t-il, des preparatifs qu'on fait pour le mariage du Prince, tout
cela est oiseux, & inutile. Pour vos Dames qui rabaissent leurs
coeffures, qui couvrent leurs gorges, & qui allongent leurs manches,
froide plaisanterie! Aussi bien que celle de l'Orateur qui s'applaudit
de son eloquence: je demande encore, reprit celui qui avoit parle le
premier, que vous otiez les reflexions Chretiennes de Griselidis, qui
dit, que c'est Dieu qui veut l'eprouver, c'est un sermon hors de sa
place. Je ne saurois encore souffrir les inhumanitez de votre Prince,
elles me mettent en colere, je les supprimerois. Il est vrai qu'elles
sont de l'histoire; mais il n'importe. J'oterois encor l'Episode du
jeune Seigneur qui n'est la que pour epouzer la jeune Princesse, cela
allonge trop votre Conte; Mais lui dis-je, le Conte finiroit mal sans
cela. Je ne saurois que vous dire, repondit-il, je ne laisserois pas que
de l'oter.
A quelques jours de la je fis la meme lecture a deux autres
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