e vous venez d'oueir.
Sachez, poursuivit-il, que l'aimable personne
Que vous croyez m'avoir blesse le coeur,
Est ma fille, & que je la donne
Pour femme a ce jeune Seigneur,
Qui l'aime d'un amour extreme,
Et dont il est aime de meme.
Sachez encor, que touche vivement
De la patience & du zele
De l'Epouze sage & fidelle
Que j'ai chassee indignement,
Je la reprens, afin que je repare,
Par tout ce que l'amour peut avoir de plus doux,
Le traittement dur & barbare
Qu'elle a recu de mon esprit jaloux.
Plus grande sera mon etude,
A prevenir tous ses desirs
Qu'elle ne fut dans mon inquietude,
A l'accabler de deplaisirs;
Et si dans tous les tems doit vivre la memoire
Des ennuis dont son coeur ne fut point abattu,
Je veux que plus encore on parle de la gloire,
Dont j'aurai couronne sa supreme vertu.
Comme quand un epais nuage
A le jour obscurci,
Et que le Ciel de toutes parts noirci,
Menace d'un affreux orage;
Si de ce voile obscur par les vents ecarte,
Un brillant rayon de clarte,
Se repand sur le Paisage,
Tout rit & reprend sa beaute,
Telle dans tous les yeux ou regnoit la tristesse
Eclatte tout a coup une vive allegresse.
Par ce prompt eclaircissement
La jeune Princesse ravie
D'apprendre que du Prince elle a recu la vie,
Se jette a ses genoux qu'elle embrasse ardemment,
Son pere qu'attendrit une fille si chere,
La releve, la baise, & la meine a sa mere,
A qui trop de plaisir en un meme moment,
Otoit presque tout sentiment.
Son coeur qui tant de fois en proye
Aux plus cuisans traits du malheur,
Supporta si bien la douleur,
Succombe au doux poids de la joye;
A peine de ses bras pouvoit-elle serrer
L'aimable Enfant que le Ciel lui renvoye,
Elle ne pouvoit que pleurer.
Assez dans d'autres tems vous pourrez satisfaire,
Lui dit le Prince, aux tendresses du sang,
Reprenez les habits qu'exige votre rang,
Nous avons des nopces a faire.
Au Temple on conduisit les deux jeunes Amans,
Ou la mutuelle promesse
De se cherir avec tendresse,
Affermit pour jamais leurs doux engagemens,
Ce ne sont que plaisirs, que Tournois magnifiques,
Que jeux, que dances, que musiques,
Et que Festins delicieux,
Ou sur Gr
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