de mes amis,
qui ne me dirent pas un seul mot sur les endroits dont je viens de
parler, mais qui en reprirent quantite d'autres. Bien loin de me
plaindre de la rigueur de votre Critique, leur dis-je, je me plains de
ce qu'elle n'est pas assez severe, vous m'avez passe une infinite
d'endroits que l'on trouve tres dignes de censure. Comme quoi,
dirent-ils? On trouve leur dis-je, que le caractere du Prince est trop
etendu, & qu'on n'a que faire de savoir ce qu'il faisoit le matin &
encore moins l'apresdinee. On se moque de vous, dirent-ils tous deux
ensemble, quand on vous fait de semblables critiques. On blame,
poursuivis-je, la reponse que fait le Prince a ceux qui le pressent de
se marier, comme trop enjoueee & indigne d'un Prince grave & serieux.
Bon, reprit l'un d'eux, & ou est l'inconvenient qu'un jeune prince
d'Italie, pais ou l'on est accoutume a voir les hommes les plus graves &
les plus elevez en dignite dire des plaisanteries, & qui d'ailleurs fait
profession de mal parler, & des femmes & du mariage, matieres si
sujettes a la raillerie, se soit un peu rejouei sur cet article. Quoi
qu'il en soit je vous demande grace pour cet endroit comme pour celui de
l'Orateur qui croyoit avoir converti le Prince, & pour le rabaissement
des coeffures; car ceux qui n'ont pas aime la reponce enjouee du Prince
ont bien la mine d'avoir fait main basse sur ces deux endroits-la. Vous
l'avez devine, lui dis-je. Mais d'un autre cote, ceux qui n'aiment que
les choses plaisantes n'ont pu souffrir les reflexions Chretiennes de la
Princesse, qui dit que c'est Dieu qui la veut eprouver. Ils pretendent
que c'est un sermon hors de propos. Hors de propos? reprit l'autre; non
seulement ces reflexions sont necessaires au sujet: mais elles y sont
absolument necessaires. Vous aviez besoin de rendre croyable la patience
de votre Heroine, & quel autre moyen aviez-vous que de lui faire
regarder les mauvais traitemens de son Epoux comme venans de la main de
Dieu? Sans cela on la prendroit pour la plus stupide de toutes les
femmes, ce qui ne feroit pas assurement un bon effet.
On blame encore leur dis-je l'Episode du jeune Seigneur qui epouse la
jeune Princesse. On a tort reprit-il, comme votre ouvrage est un
veritable Poeme, quoique vous lui donniez le titre de nouvelle, il faut
qu'il n'y ait rien a desirer quand il finit. Cependant si la jeune
Princesse s'en retournoit dans son Couvent sans etre mariee apres s'y
etre attendue, elle ne seroit point
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