ssoit en esprit, en sagesse,
A la douceur, a la naivete
Qu'elle tenoit de son aimable Mere,
Elle joignit de son Illustre Pere
L'agreable et noble fierte.
L'Amas de ce qui plait dans chaque Caractere
Fit une parfaite beaute.
Par tout comme un Astre elle brille,
Et par hazard un Seigneur de la Cour,
Jeune, bien fait & plus beau que le jour,
L'ayant vu paroitre a la Grille,
Concut pour elle un violent amour.
Par l'instinct qu'au beau sexe a donne la nature,
Et que toutes les beautez ont,
De voir l'invisible blessure
Que font leurs yeux, au moment qu'ils la font,
La Princesse fut informee
Qu'elle etoit tendrement aimee.
Apres avoir quelque tems resiste,
Comme on le doit avant que de se rendre,
D'un amour egalement tendre
Elle l'aima de son cote.
Dans cet Amant, rien n'etoit a reprendre
Il etoit beau, vaillant, ne d'illustres Ayeux
Et des long-tems, pour en faire son Gendre
Sur lui le Prince avoit jette les yeux.
Ainsi donc avec joye il apprit la nouvelle,
De l'ardeur tendre & mutuelle
Dont bruloient ces jeunes Amans,
Mais il lui prit une bizarre envie,
De leur faire acheter par de cruels tourmens,
Le plus grand bonheur de leur vie.
Je me plairai, dit-il, a les rendre contens;
Mais il faut que l'inquietude
Par tout ce qu'elle a de plus rude,
Rende encor leurs feux plus constans;
De mon Epouze en meme tems,
J'exercerai la patience,
Non point comme jusqu'a ce jour,
Pour rasseurer ma folle defiance;
Je ne dois plus douter de son amour:
Mais pour faire eclatter aux yeux de tout le monde,
Sa bonte, sa douceur, sa sagesse profonde;
Afin que de ses dons si grands, si precieux,
La terre se voyant paree,
En soit de respect penetree,
Et par reconnaissance en rende grace aux Cieux.
Il declare en public que manquant de lignee,
En qui l'Etat un jour retrouve son Seigneur,
Que la fille qu'il eut de son fol hymenee
Etant morte aussi-tot que nee,
Il doit ailleurs chercher plus de bonheur.
Que l'Epouze qu'il prend est d'illustre naissance,
Qu'en un Couvent on l'a jusqu'a ce jour
Fait elever dans l'innocence,
Et qu'il va par l'hymen couronner son amour.
On peut juger a quel point fut cruelle
Aux deux jeunes Amans cette affreuse no
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