nnocente simplicite.
Sur un grand char d'or & d'Ivoire
La Bergere s'assied pleine de Majeste,
Le Prince y monte avec fierte,
Et ne trouve pas moins de gloire
A se voir comme Amant assis a son cote,
Qu'a marcher en triomphe apres une victoire;
La Cour les suit & tous gardent le rang
Que leur donne leur charge ou l'eclat de leur sang.
La Ville dans les champs presque toute sortie
Couvroit les plaines d'alentour,
Et du choix du Prince avertie,
Avec impatience attendoit son retour,
Il paroit, on le joint. Parmi l'epaisse foule
Du peuple qui se fend le char a peine roule;
Par les longs cris de joye a tout coup redoublez,
Les chevaux emus et troublez,
Se cabrent, trepignent, s'elancent
Et reculent plus qu'ils n'avancent.
Dans le Temple on arrive enfin,
Et la par la chaine eternelle
D'une promesse solennelle,
Les deux Epoux unissent leur destin:
Ensuite au Palais ils se rendent,
Ou mille plaisirs les attendent,
Ou la Danse, les Jeux, les Courses, les Tournois
Repandent l'allegresse en differens endroits;
Sur le soir le blond hymenee,
De ses chastes douceurs couronna la journee.
Le lendemain les differents Etats
De toute la Province
Accourent haranguer la Princesse & le Prince
Par la voix de leurs Magistrats.
De ses Dames environnee,
Griselidis, sans paroitre etonnee,
En Princesse les entendit,
En Princesse leur repondit.
Elle fit toute chose avec tant de prudence,
Qu'il sembla que le Ciel eut verse ses thresors,
Avec encor plus d'abondance
Sur son Ame que sur son corps.
Par son Esprit, par ses vives lumieres,
Du Grand monde aussitot elle prit les manieres,
Et meme des le premier jour
Des talens, de l'humeur des Dames de la Cour,
Elle se fit si bien instruire,
Que son bon sens jamais embarrasse
Eut moins de peine a les conduire,
Que ses brebis du tems passe.
Avant la fin de l'an des fruits de l'hymenee,
Le Ciel benit leur couche fortunee,
Ce ne fut point un Prince, on l'eut bien souhaitte;
Mais la jeune Princesse avoit tant de beaute,
Que l'on ne songea plus qu'a conserver sa vie;
Le Pere qui lui trouve un air doux & charmant,
La venoit voir de moment en moment,
Et la Mere encor plus ravie
La regardoit inces
|