a un moyen bien simple. Cet enfant passe
pour etre mon fils, parce que personne dans notre entourage actuel ne
sait nos relations passees ou presentes. On nous croit epoux ou amants.
Il n'entre guere dans les moeurs du theatre de demander a un couple
quelconque la preuve legale de son association. Nous avons laisse cette
opinion se former; nous l'avons jugee necessaire a notre securite.
Il n'y a que la mere Olympe qui pourrait dire que cet enfant ne
m'appartient pas, et elle est trop discrete et trop devouee pour trahir
nos intentions. Jusqu'ici rien de plus simple: il ne s'agit que de
laisser subsister un fait deja etabli. Mais quand nous retrouverons nos
anciens amis (car lors meme que nous les eviterions, il nous serait
impossible de ne pas en rencontrer quelqu'un; un jour ou l'autre cela
doit arriver), dis-moi, Marthe, que leur dirons-nous?"
Marthe, interdite et comme affligee, reflechit un instant; puis, prenant
son parti, elle repondit avec beaucoup de fermete: "Nous leur dirons ce
que nous avons dit aux autres, que cet enfant est le tien.
--Songes-tu aux consequences de ce mensonge, ma pauvre Marthe?
Souviens-toi que la jalousie d'Horace etait bien connue de ses amis:
tous ne te connaissaient pas assez pour etre surs qu'elle n'etait pas
fondee... Ils croiront donc que tu le trompais; et cette accusation
injuste, que tu n'as pu supporter dans la bouche d'Horace, elle sera
donc dans la bouche de tout le monde, meme dans celle des amis qui
n'avaient jamais doute de toi, comme Theophile, Eugenie, et quelques
autres!"
Marthe palit.
"Cela me fera souffrir beaucoup, repondit-elle. J'ai ete si fiere! j'ai
montre tant d'indignation d'etre soupconnee! L'on pensera maintenant que
j'ai ete impudente et que j'ai menti avec effronterie. Mais, apres tout,
qu'importe? On ne pourra m'accuser que de sottise et de vaine gloire;
car on saura bien que je n'ai pas presente cet enfant a Horace comme le
sien, et que je me suis eloignee de lui au moment de devenir mere.
--On dira qu'il t'a chassee, que tu as essaye de le tromper, mais qu'il
s'est apercu de ton infidelite; et il sera completement justifie aux
yeux des autres et aux siens propres.
--Aux siens propres! s'ecria Marthe, frappee d'une idee qui ne lui etait
pas encore venue. Oh! cela est bien vrai! Ce serait lui epargner la
punition que lui reserve la justice de Dieu! Ce serait lui oter la
honte qu'il doit eprouver en voyant comment tu as rempli a sa place les
devo
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