mysterieuses nous doivent
etre sacrees. Il a voulu qu'Horace fut pere, bien qu'Horace repoussat
les joies et les peines de la famille. Il a voulu qu'Horace le revit, et
sentit le desir d'embrasser son fils, bien qu'il ait jusqu'ici abjure
les douceurs et les devoirs de la paternite. Dieu seul sait quelle
influence cachee et puissante cet enfant peut avoir sur l'avenir
d'Horace. C'est un lien entre le ciel et lui, qu'il n'est au pouvoir de
personne de briser. Ce serait une impiete, un crime, de le tenter. Lui
ravir la faculte de connaitre et d'aimer son fils, dut-il le connaitre
et l'aimer faiblement, serait une sorte de rapt et comme un dommage
irreparable que nous causerions a son etre moral. Il nous faut donc,
loin d'accaparer notre _tresor_ a son prejudice, l'admettre a en jouir,
parce que Dieu l'appelle a profiter de ce bienfait. Je ne veux pas
croire que la vue de cet enfant ne le rende pas meilleur et n'amene pas
un changement serieux dans son ame."
Marthe se rendit a de si hautes considerations religieuses, et sa
veneration pour Arsene en augmenta. Un dejeuner fut arrange chez moi
pour cette rencontre. Marthe, et Arsene amenerent l'enfant; et cette
fois Horace, redevenu affectueux, naif et sensible, fut admirable
en tous points pour lui, pour sa mere, et surtout pour Arsene, dont
l'attitude noble et sereine le frappa de respect et d'attendrissement.
Ce fut le plus beau jour de la vie d'Horace.
La vanite avait seule fait eclore ce beau mouvement dans son ame, il
faut bien le confesser. Avili et outrage par les gens du monde, humilie
et blesse par nous, il s'etait senti enfin dechu et souille a ses
propres yeux. Il avait eprouve violemment le besoin de sortir de cet
abaissement et de se rehabiliter vis-a-vis de nous et de lui-meme, en
attendant qu'il put se laver plus tard aux yeux du monde. Il n'avait pas
voulu sortir a demi de cette situation, et se contenter de se montrer
bon et repentant: il voulait se montrer grand, et changer notre pitie en
admiration. Il y reussit pendant tout un jour. Son ostentation eut au
moins l'avantage de lui faire connaitre des joies d'amour-propre qu'il
ne connaissait pas encore, et qu'il reconnut preferables aux mesquines
satisfactions d'une vanite plus etroite. Il entra, a partir de ce
jour, dans la phase de l'orgueil; et son etre, sans changer de nature,
s'agrandit au moins dans la voie qui lui etait ouverte.
Le lendemain il se reveilla un peu fatigue de ces emotions nouvell
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