in peut-etre, ou nous vous rendrons tout
le bien que vous nous faites maintenant; car Dieu aussi nous rendra la
force et la liberte!
--Tu as raison, Marthe, dit Arsene d'une voix faible et mesuree, lorsque
la voisine fut sortie. La liberte nous sera rendue, et la force nous
reviendra. Ta pitie me sauve, et j'aurai mon tour. Va, ma pauvre Marthe,
conserve ton courage, comme j'entretiens le mien dans le silence et la
soumission. Il m'en faut plus qu'a toi pour te voir souffrir comme tu
fais, et pour songer sans desespoir que non-seulement je ne puis te
soulager, mais que encore j'augmente ta misere. Durant les premiers
jours, je me suis souvent demande si je ne ferais pas mieux de remonter
sur les toits, et de m'en aller mourir dans quelque gouttiere, comme un
pauvre oiseau dont on a brise l'aile; mais j'ai senti, a ma tendresse
pour toi, que je surmonterais cette maladie; qu'a force de vouloir vivre
je vivrais, et qu'en acceptant ton appui, je t'assurais le mien pour
l'avenir. Vois-tu, Marthe, Dieu sait bien ce qu'il fait! Dans ta fierte,
tu t'etais eloignee et cachee de moi. Tu voulais passer ta vie dans
l'isolement, dans la douleur et dans le besoin, plutot que d'accepter
mon devouement. A present que la destinee m'a envoye ici pour profiler
du tien, tu ne pourras plus me repousser, tu n'auras plus le droit de
refuser mon appui. Je ne t'offre rien que mon coeur et mes bras, Marthe;
car je ne possede ni or, ni argent, ni vetement, ni asile, ni talent, ni
protection; mais mon coeur te cherit, et mes bras pourront te nourrir,
toi et _ce cher tresor_, comme dit la voisine."
En parlant ainsi, Paul prit l'enfant et l'embrassa; c'etait la premiere
marque d'affection qu'il lui donnait. Jusqu'a ce jour, il l'avait
souvent soutenu et berce sur ses genoux pour soulager la mere; il
l'avait endormi toutes les nuits a plusieurs reprises dans ses bras,
et rechauffe contre sa poitrine, mais en lui donnant ces soins, il ne
l'avait jamais caresse. En cet instant, une larme de tendresse coula de
ses yeux sur le visage de l'enfant, et Marthe l'y recueillit avec ses
levres. "Ah! mon Paul, ah! mon frere! s'ecria-t-elle, si tu pouvais
l'aimer, ce cher et douloureux tresor!
--Tais-toi, Marthe, ne parlons pas de cela, repondit-il en lui rendant
son fils. Je suis encore trop faible; je ne t'ai pas encore dit un mot
la-dessus. Nous en parlerons, et tu seras contente de moi, je l'espere.
En attentant, souffrons encore, puisque c'est la volon
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