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sur l'entree du Pressoir-de-Fer. Il gratta a la porte qui s'ouvrit
et, quelques instants plus tard, le duc de Guise se trouvait dans
l'interieur de ce cabaret.
Deux grosses filles joufflues, tres peintes, couvertes de bijoux et tres
court vetues, s'avancerent au-devant de lui en souriant et executant des
reverences.
L'une d'elles s'approcha de lui et lui appliqua sur la figure un
masque de velours tel que les elegants en portaient alors, lorsqu'ils
penetraient dans un lieu de reputation douteuse, et pour ne pas etre
reconnus. Presque en meme temps, l'autre lui jetait sur les epaules un
ample manteau de soie legere.
Guise comprit que ces femmes etaient averties de sa visite et qu'elles
savaient ce qu'il venait chercher a l'auberge du Pressoir-de-Fer. Elles
l'entrainerent dans la salle qui s'ouvrait sur le cabaret.
La, regnait une demi-obscurite. La piece, tendue d'elegantes etoffes et
meublee de larges fauteuils, etait deserte; mais, de la salle voisine,
arrivaient des eclats de rire, des voix excitees, tout un bruit
d'orgie... Et Guise comprit alors que cette petite maison de cabaret sur
le devant etait en realite un lieu de debauche, comme il y en avait tant
dans les sombres ruelles de la Cite...
--Monseigneur n'a qu'a entrer, murmura l'une des femmes, on n'attend
plus qu'un convive... ce convive ne viendra pas... c'est monseigneur qui
vient a sa place... La partie de plaisir consiste ce soir a garder son
masque: seulement, a dix heures, tous les masques devront tomber...
Elles pousserent une porte, s'effacerent et Guise entra. Tout d'abord,
il demeura ebloui par l'eclat des lumieres. Il etait brusquement pousse
dans l'orgie la plus radieuse et la plus impudique.
La piece etait vaste, luxueuse, emplie de parfums capiteux.
Au milieu, une table somptueuse se dressait, chargee de vaisselle d'or,
supportant des fruits rares, des friandises precieuses; des vins aux
tons de rubis chatoyaient dans des flacons aux formes etranges, et, ces
vins, c'etaient des servantes aux costumes impudiques qui, impassibles
et souriantes, les versaient dans les coupes d'or des convives.
Il y avait la quatre couples enlaces, les femmes sur les genoux des
hommes. C'est A peine s'ils firent attention a Guise qui entrait: un
geste de bienvenue de l'un des hommes, une invitation a prendre place,
et ce fut tout... Seulement, une femme, qui etait seule, s'avanca
vivement vers lui, l'enlaca de ses deux bras nus et murmura:
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