atrieme femme d'une voix resolue, comme si toute
hesitation de pudeur eut disparu de sa pensee. Aussitot, d'un geste de
bravade, elle arracha son masque et fit tomber celui de son amant... Et,
alors. Guise sentit sa tete tourner. Cet... homme, c'etait le comte de
Loignes, son ennemi mortel! Et, cette ribaude impudique, au sourire
provocateur, c'etait Catherine de Cleves, la duchesse de Guise, sa
femme!...
Cette seconde de faiblesse chez le duc de Guise fit place a une reaction
ou la honte, encore, tenait la plus grande place. Il se redressa
lentement et demeura immobile. La duchesse de Guise vit cette sorte de
statue dont les yeux, du fond du masque, se rivaient sur elle. Un rapide
frisson, le long de sa nuque, la prevint que la terreur allait s'emparer
d'elle... Elle sourit pourtant et, hardie, demanda:
--Et vous, messire, ne tiendrez-vous pas la gageure?
Elle s'arreta net. Guise venait de laisser tomber son masque. Au meme
instant, le comte de Loignes se redressa, livide, tandis que les deux
autres hommes gagnaient la porte; la duchesse de Montpensier se sauva;
Claudine de Beauvilliers s'evanouit et la duchesse de Guise, malgre
toute son audace, ne put retenir un faible gemissement.
Guise, en effet. Guise silencieux, la levre tremblante, la dague a la
main, avait une de ces physionomies comme elle lui en avait vu deux ou
trois fois. Elle voulut se lever, faire un geste, balbutier une parole;
mais elle demeura paralysee, fascinee, se disant qu'elle allait
mourir...
Le duc etait d'un cote de la table; de Loignes, en face, de l'autre
cote. Guise se ramassa sur lui-meme; d'un effort enorme, il renversa la
lourde table et, dans la seconde qui suivit, il y eut le geste rapide
d'un bras qui se leve et qui retombe... Un jet de sang inonda le
parquet... Loignes tomba comme une masse.
Guise, alors, se retourna vers la duchesse, sa dague toute rouge a
la main. Et il la vit qui bondissait affolee, franchissait la porte,
s'enfuyait. Il se rua...
Des insultes affreuses, des cris rauques eclaterent. La duchesse,
epouvantee, franchit deux salles, arriva a la porte exterieure,
l'ouvrit, se jeta dehors... Guise la poursuivit jusque dans la salle du
cabaret; la, il trebucha contre une table, sa tete tourna, il sentit le
sol se derober sous ses pas et il s'affaissa, evanoui, tenant dans sa
main crispee le poignard rouge.
......................................................
Dans la piece ou le comte de Loignes gisait
|