n pourrait l'entendre et le surprendre. Il songea bien a le
poignarder pendant son sommeil. Mais sa main pourrait trembler, son coup
ne serait peut-etre pas assez sur; Flint alors s'emparerait de lui. Il
imagina des centaines de procedes varies; aucun ne lui paraissait
infaillible; car les moyens les plus secrets presentaient toujours un
danger, un risque, une possibilite pour lui d'etre trahi. Il ne s'arreta
donc a aucun.
Mais il etait d'une patience sans borne. Rien ne presse, se disait-il.
Il se promettait de ne quitter Flint que lorsqu'il l'aurait reduit a
l'etat de cadavre; mieux valait prendre son temps, il trouverait bien
une occasion d'assouvir sa vengeance. Ce moyen existait et il le
decouvrirait, dut-il pour cela subir toutes les hontes et toutes les
miseres.
Oui! il trouverait surement un procede qui ne laisserait aucune trace de
son crime, pas le plus petit indice; rien ne pressait: mais quand il
l'aurait trouve, oh! alors, quelle joie de vivre pour lui!
En attendant, il etait prudent de conserver religieusement intacte sa
reputation de douceur, et il s'efforcait plus que jamais de ne pas
laisser entendre le moindre mot de son ressentiment ou de sa colere
contre son oppresseur.
Deux jours avant la matinee d'octobre a laquelle nous venons de faire
allusion, Flint avait achete differents objets qu'il rapportait a sa
cabane, aide par Fetlock: une caisse de bougies, qu'ils placerent dans
un coin, une boite de poudre explosible qu'ils logerent au-dessus des
bougies, un petit baril de poudre qu'ils deposerent sous la couchette de
Flint et un enorme chapelet de fusees qu'ils accrocherent a un clou.
Fetlock en conclut que le travail du pic allait bientot faire place a
celui de la poudre et que Flint voulait commencer a faire sauter les
blocs. Il avait deja assiste a ce genre d'explosions, mais n'en
connaissait pas la preparation. Sa supposition etait exacte; le temps de
faire sauter la mine etait venu.
Le lendemain matin, ils porterent au puits les fusees, les forets, et la
boite a poudre. Le trou avait a peu pres huit pieds de profondeur, et
pour arriver au fond comme pour en sortir, il fallait se servir d'une
petite echelle. Ils descendirent donc; au commandement, Fetlock tint le
foret (sans savoir comment s'en servir) et Flint se mit a cogner. Au
premier coup de marteau, le foret echappa des mains de Fetlock et fut
projete de cote.
--Maudit fils de negre, vocifera Flint, en voila une maniere de ten
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