ation du comte de Champagne mirent les
seigneurs invites dans une plus grande fureur que jamais contre lui. La
plupart de ceux qui devaient se trouver au mariage etaient ennemis du
roi et de la regente, et cette assemblee etait moins pour la celebration
des noces, que pour concerter entre eux une revolte generale, dans
laquelle ils s'attendaient bien a engager le comte de Champagne. Ils
prirent donc la resolution de lui faire la guerre a toute outrance;
mais, pour y donner au moins quelque apparence de justice, ils
affecterent de se declarer protecteurs des droits qu'Alix, reine de
Chypre, cousine de Thibaud, pretendait avoir sur le comte de Champagne.
Ce fut donc sous le pretexte de proteger cette princesse dont les droits
etaient fort incertains, qu'ils attaquerent tous ensemble le comte de
Champagne, dans le dessein de l'accabler.
Ce fut alors que le comte de Boulogne, oncle du roi, se declara
ouvertement avec le comte Robert de Dreux, le comte de Brienne,
Enguerrand de Coucy, Thomas, son frere, Hugues, comte de Saint-Pol,
et plusieurs autres. Ayant assemble toutes leurs troupes aupres de
Tonnerre, ils entrerent en Champagne quinze jours apres la saint Jean,
mirent tout a feu et a sang, et vinrent se reunir aupres de Troyes, a
dessein d'en faire le siege, disant partout qu'ils voulaient exterminer
celui qui avait empoisonne le feu roi: car c'etait encore un pretexte
dont ils coloraient leur revolte.
Le comte de Champagne, n'etant pas assez fort pour resister a tant
d'ennemis, parce que ses vassaux etaient entres dans la confederation,
eut recours au roi, comme a son seigneur, et le conjura de ne le pas
abandonner a la haine de ses ennemis, qu'il ne s'etait attiree que
pour lui avoir ete fidele; et cependant il fit lui-meme detruire
quelques-unes de ses places les moins fortes, pour empecher les ennemis
de s'y loger. Le seigneur Simon de Joinville, pere de l'auteur de
l'_Histoire de saint Louis_, se jeta pendant la nuit, avec beaucoup de
noblesse, dans la ville de Troyes pour la defendre; et ce secours fit
reprendre coeur aux habitans qui parlaient deja de se rendre.
Le roi, sur cet avis, envoya aussitot commander, de sa part, aux
confederes de mettre bas les armes, et de sortir incessamment des terres
de Champagne. Ils etaient trop forts et trop animes pour obeir a un
simple commandement. Ils continuerent leurs ravages; mais se voyant
prevenus par le seigneur de Joinville, ils s'eloignerent un peu des
muraill
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