fonse, comte de Poitiers, et
Charles, comte de Provence. Chacun recevait les instructions dont son
age pouvait etre capable. L'exemple de leur frere aine leur donnait une
emulation qui les excitait a lui ressembler, en acquerant les memes
connaissances, et pratiquant les memes vertus.
La reine Blanche reussit encore a persuader a ses enfans, que leur plus
grand bonheur dependait de la parfaite union qui devait regner entre
eux: ils profiterent si bien des avis de cette sage mere, que ces
princes furent penetres toute leur vie, pour le roi, leur frere aine, de
cette amitie tendre et respectueuse qui fait ordinairement la felicite
des superieurs et des inferieurs; comme, de sa part, Louis les traita
toujours avec la plus grande bonte, moins en roi qu'en ami. Lorsque ses
freres commencerent a etre capables d'occupations serieuses, il les
admit dans ses conseils; il les consultait dans les affaires qui se
presentaient, et prenait leur avis. Ils commandaient dans ses armees des
corps particuliers de troupes, a la tete desquels ils ont tres-souvent
fait des actions dignes de la noblesse de leur naissance. Ils etaient,
pour ainsi dire, les premiers ministres du roi. Ils partageaient avec
lui les fonctions penibles de la royaute, et contribuaient unanimement a
la gloire de l'Etat et au bonheur des peuples.
Pendant que la reine Blanche donnait tous ses soins a l'education de
ses enfans, elle etait encore occupee a rendre inutiles les nouvelles
entreprises des esprits brouillons, et surtout de ceux dont je viens
de parler. Ils n'etaient pas rentres sincerement dans leur devoir; ils
avaient ete forces par la prudence et l'activite de la regente de se
soumettre, et les graces qu'elle leur avait fait accorder par le roi,
au lieu de les satisfaire, n'avaient fait qu'augmenter le desir d'en
obtenir de nouvelles.
L'union de Philippe, comte de Boulogne, oncle du roi, avec la reine
regente, etait pour eux un frein qui les arretait: ils entreprirent
de le rompre, et ils s'y prirent de la maniere qu'il fallait pour y
reussir. Ils lui firent representer qu'etant celui de tous les princes
qui, apres les freres du roi, etait son plus proche parent, etant fils
de Philippe-Auguste, c'etait un affront pour lui que la regence du
royaume fut en d'autres mains que les siennes, et surtout en celles
d'une femme, et d'une femme etrangere qui, par ces deux raisons, devait
etre exclue du gouvernement du royaume de France: ils l'assurerent de
leurs
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