re, des son bas age, de la
connaissance de Dieu, et des veritables vertus dont il est le modele.
Aussi n'oublia-t-il jamais ce que sa mere lui avait dit un jour,
lorsqu'il etait encore jeune: _Mon fils, vous etes ne roi; je vous aime
avec toute la tendresse dont une mere est capable; mais j'aimerais mieux
vous voir mort, que de vous voir commettre un peche mortel._ Il grava
ces instructions si profondement dans son coeur, qu'il donna toujours a
l'exercice de la religion et a la retraite, les momens qu'il derobait
aux fonctions de la royaute.
On n'oublia pas en meme temps de lui procurer les instructions qui
peuvent contribuer a former l'esprit, mais, selon qu'on le pouvait faire
dans ce siecle-la, ou l'ignorance etait prodigieuse, meme parmi les
ecclesiastiques. On rapporte comme un eloge de ce prince, qu'il savait
ecrire (car les plus grands seigneurs ne savaient pas meme signer leur
nom), qu'il entendait tres-bien le latin de l'Ecriture-Sainte, et les
ouvrages des Peres de l'Eglise, qui ont ecrit dans cette langue.
Pour ce qui est de l'histoire, il savait celle des rois ses
predecesseurs, rapportee dans les chroniques particulieres de leurs
regnes, qui, quoique tres-imparfaites, nous ont neanmoins conserve les
actions les plus memorables des princes des deux premieres races de
la monarchie. On y trouve la connaissance de leurs vertus et de leurs
defauts, qui fournissait des exemples pour apprendre a pratiquer les
unes et eviter les autres.
On lui proposa surtout pour modele le roi Philippe-Auguste, son aieul,
un des plus grands rois de la monarchie. Ce prince etait monte sur le
trone, dans un age a peu pres pareil a celui de Louis, et dans les memes
circonstances. La reine Blanche, sa mere, lui fit prevoir le mauvais
effet que pouvait produire l'idee de sa jeunesse sur les esprits mutins
et brouillons de son royaume. Elle s'appliqua a lui faire eviter les
defauts des jeunes gens de son age, et surtout l'inapplication, l'amour
de l'oisivete et du plaisir. Elle lui donna connaissance de toutes
les affaires; elle ne decida jamais rien d'important sans le lui
communiquer; et, dans les guerres qu'elle eut a soutenir, elle le fit
toujours paraitre a la tete de ses troupes, accompagne des seigneurs les
plus braves et les plus experimentes.
La reine se donnait en meme temps de pareils soins pour l'education de
ses autres enfans. Ils etaient quatre; savoir: Robert, qui fut depuis
comte d'Artois; Jean, comte d'Anjou; Al
|