ait-elle a chaque paquet qu'il lui prenait.
A la fin, les poches furent vides.
--Ou dinons-nous? demanda-t-elle.
--Ici; puisque la salle a manger est transformee en laboratoire.
--Alors commencons par faire du feu; j'ai eu les pieds mouilles en
pataugeant sur la route de la station.
--Je ne sais pas s'il y a du bois.
--Allons voir.
Elle prit la bougie et ils passerent dans la cuisine qui, de meme que la
salle a manger etait un laboratoire, etait une etable ou Saniel elevait,
dans des cages, des cochons d'Inde et des lapins pour ses experiences,
et ou Joseph entassait pele-mele tout ce qui le genait, sans avoir a
prendre souci du fourneau ou de la grillade qui n'avaient jamais ete
allumes. Mais ils eurent beau fureter, leurs recherches furent vaines;
il y avait de tout dans cette cuisine, excepte du bois a bruler; de
vieux balais, des brosses a cirage, des choux pour les lapins, des
carottes pour les cochons d'Inde, des amas de journaux, des caisses et
des boites.
--Tu tiens a ces boites? demanda-t-elle en caressant un petit cochon
qu'elle avait pris dans ses bras.
--Nullement; elles ont servi a emballer de la parfumerie et des
specialites pharmaceutiques; elles sont maintenant inutiles.
--Eh bien, on peut tres joliment se chauffer avec ces planches; cassees,
elles feront un beau feu clair et flambant.
Un vieux couperet rouille se trouvait sur le fourneau; Saniel le prit et
rapidement il fendit assez de caisses pour avoir une bonne provision de
bois.
--Ce que c'est que d'etre Auvergnat! dit-elle en riant; c'est a croire
qu'en naissant vous recevez tous le genie du charbonnage.
--Alors tu te moques de moi?
--Non, mais tu coupes ton bois gravement, lugubrement, comme si tu
depecais un malade, et je voudrais te faire rire un peu, en riant
moi-meme de toi, de moi, de n'importe qui, pourvu que tu te derides.
Ils revinrent dans le cabinet, Saniel portant la provision de bois.
--Maintenant, mettons la table, dit-elle avec entrain.
Un petit gueridon pliant etait place devant la fenetre, et Saniel s'en
servait pour dejeuner bien souvent, avec l'assiette assortie que
Joseph allait lui chercher chez le charcutier, ou avec la portion que
fournissait le marchand de vin qui, quelques instants auparavant, etait
venu lui faire une scene; elle le prit et l'apporta devant la cheminee
ou elle l'ouvrit.
--Ou est le linge? demanda-t-elle.
--C'est que je ne suis pas riche en linge; cependant j'ai dan
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