it-il precipitamment.
Mais cette esperance ne se realisa pas: il n'y avait pas une seule
voiture a la station; du coup, l'impatience s'accentua; il etait pris et
force de subir l'assaut de Saniel sans pouvoir se derober.
Ce fut ce que Saniel formula:
--Vous voila oblige de faire route avec moi, et, franchement, je m'en
rejouis, car j'ai a vous entretenir d'une affaire... serieuse... dont
depend mon avenir.
--Nous sommes bien mal ici pour causer serieusement.
--Je ne trouve pas.
--Nous pourrions prendre un rendez-vous.
--A quoi bon, puisque le hasard nous le donne?
Il fallait se resigner et mettre au moins, en attendant, de la bonne
grace dans les formes.
--Je suis tout a vous, dit-il, d'un ton gracieux qui contrastait avec
ses premieres resistances.
Saniel, si pressant quelques instants auparavant, resta un moment
silencieux, marchant a cote de Glady, qui regardait le bitume brillant;
enfin, il se decida:
--Je vous ai dit que de l'affaire dont je desirais vous entretenir
dependait mon avenir; la voici en un mot: si je ne trouve pas a me
procurer 3,000 francs avant deux jours, je suis oblige de quitter Paris,
de renoncer a mes etudes, a mes travaux en train, pour aller m'enfouir
dans mon pays natal et devenir medecin de campagne.
Glady ne broncha pas; car, s'il n'avait pas prevu le chiffre, il
attendait la demande: il continua de regarder le bout de ses pieds.
--Vous savez, continua Saniel, que je suis fils de paysans: mon
pere etait marechal, tout petit marechal dans un pauvre village de
l'Auvergne. A l'ecole je fis preuve d'une certaine aptitude pour le
travail que mes camarades n'avaient pas au meme degre. Notre cure me
prit en affection et voulut m'apprendre ce qu'il savait, ce qui ne
fut pas bien long. Alors il me fit entrer au petit seminaire. Mais je
n'avais pas la docilite d'esprit et la soumission de caractere qu'il
faut pour cette education, et apres quelques annees de tiraillements, si
on ne me renvoya pas, on me fit comprendre qu'on serait bien aise de
me voir partir. J'entrai alors comme maitre d'etude dans une petite
pension, sans appointements, bien entendu, pour la nourriture et le
logement. Je passai de bons examens, et je preparais ma licence quand,
a la suite d'une discussion, je quittai cette pension. J'avais gagne
quelque argent a donner des lecons particulieres et je me trouvais a la
tete d'environ quatre-vingts francs. Je partis pour Paris, ou j'arrivai,
un matin de ju
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