e demain, cha ferait mon
affaire; je ne suis pas riche, vous savez, et pourtant j'ai toujours
paye le gaz de vos experiences.
Son papier timbre dans sa poche, Saniel retourna chez Caffie qu'il
rencontra sous sa porte cochere, ou il lui remit l'exploit de
l'huissier.
--Je verrai ca ce soir, dit l'homme d'affaires; pour le moment, je vais
diner. Mais soyez tranquille, je ferai des demain matin le necessaire.
Bonsoir; je meurs de faim.
Si Saniel ne mourait pas de faim, il eut cependant, lui aussi, dine
volontiers, mais trois jours auparavant il s'etait saigne a blanc pour
adoucir son tapissier par un acompte aussi fort qu'il avait pu le faire,
ne gardant que cinq francs pour lui, et ce n'etait pas avec les quelques
sous qui lui restaient qu'il pouvait entrer dans un restaurant ni meme
dans une gargote, si miserable qu'elle fut. Il n'avait qu'a acheter un
pain dont il souperait en travaillant comme cela lui etait si souvent
arrive.
Mais en rentrant, il ne put pas, comme il le voulait, se mettre a
l'article qu'il devait ecrire et et livrer le soir meme. Parmi les
besognes dont il s'etait charge, il y en avait une, et non la moins
fastidieuse; qui consistait a donner, par correspondance, des
consultations aux abonnes d'un journal de modes ou, plus justement,
a recommander, en empruntant la forme de conseils medicaux, tous les
cosmetiques,--pates epilatoires, elixirs, eaux aromatiques, teintures,
essences, huiles, vinaigres, laits, cremes, savons, opiats, pommades,
glycerines, vaselines, sachets, pastilles, dentifrices, fards; et aussi
toutes les specialites pharmaceutiques--vins fortifiants, pilules
regeneratrices, pates pectorales, goudrons, fers, sirops, purgatifs,
auxquels leurs inventeurs voulaient donner une autorite que le public,
qui se croit malin, refuse a l'annonce toute simple de la derniere page.
Avec l'ambition qui etait sienne et la carriere qu'il voulait suivre,
il n'aurait jamais consenti a faire sous son nom cette correspondance;
aussi pour ce travail n'etait-il que le secretaire d'un de ses confreres
qui, simple medecin de quartier, n'avait pas les memes menagements a
garder et signait bravement ces consultations, trouvant que les clients
comme l'argent etaient toujours bons a prendre, d'ou qu'ils vinssent.
Pour ca peine. Saniel remplacait ce confrere les dimanches d'ete, et de
temps en temps recevait a titre gracieux une caisse de parfumerie ou de
produits pharmaceutiques, qu'il vendait au rabais q
|