ette interruption.
--Reprenons notre entretien si vous le voulez bien, mon cher monsieur.
Je vous disais donc qu'il n'y avait pour vous qu'un moyen d'etre tire a
jamais de vos embarras, et que ce moyen vous le trouveriez dans un
bon mariage qui mettrait _hic et nunc_ une somme raisonnable a votre
disposition.
--Mais ce serait folie a moi de me marier en ce moment, quand je n'ai
pas de position a offrir a ma femme.
--Et votre avenir, dont vous parliez tout a l'heure avec tant
d'assurance, n'y avez-vous pas foi?
--Une foi absolue, aussi ferme aujourd'hui que quand je suis entre dans
la lutte, mais plus eclairee. Cependant, comme les autres n'ont pas les
memes raisons que moi pour esperer et croire ce que j'espere et crois,
je trouve tout naturel qu'on doute de cet avenir: ce que vous avez fait
vous-meme, a l'instant, en ne le trouvant pas bon pour garantir un
simple pret de trois mille francs.
--Pret et mariage ne sont pas meme chose: un pret ne vous tire
d'embarras que momentanement, en vous laissant bien des chances pour que
vous soyez oblige d'en contracter successivement plusieurs autres: ce
qui, vous en conviendrez, attenue singulierement les garanties que vous
pouvez offrir; tandis qu'un mariage vous ouvre tout de suite la route
que votre reve ambitieux s'est promis de parcourir.
--Je n'ai jamais pense au mariage.
--Si vous y pensiez?
--Pour cela il faudrait tout d'abord une femme.
--Si je vous en proposais une, que diriez-vous?
--Mais....
--Vous etes surpris, n'est-ce pas?
--Je l'avoue.
--Mon cher monsieur, je suis l'ami de mes clients et pour
plusieurs,--j'ose le dire,--un pere. C'est ainsi qu'ayant beaucoup
d'affection pour une jeune dame--et la fille d'une de mes amies, j'ai
pense, en vous voyant et en vous ecoutant, que l'une ou l'autre pourrait
etre la femme qu'il vous faut; toutes deux ont de la fortune; elles sont
intelligentes et elles possedent des avantages physiques qu'un homme, un
bel homme comme vous, est en droit d'exiger. Au reste, j'ai precisement
leurs photographies, et vous pouvez voir vous-memes ce qu'elles sont.
Il ouvrit un tiroir de son bureau et en tira un paquet de photographies
dans lesquelles il se mit a chercher. Saniel, qui le suivait des yeux,
remarqua que toutes ces photographies etaient des portraits de femmes;
enfin il fit son choix et presenta deux cartes a Saniel.
L'une representait une femme de trente-huit a quarante ans, de forte
corpulence, d'a
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