s. Raoul est a terre aussitot que lui. Tous deux
ont l'epee a la main. Tout ce qu'il y a de mousquetaires sur la
place a entendu ce cri d'appel; tous se sont retournes a ce cri et
ont reconnu d'Artagnan.
-- Au capitaine! au capitaine! crient-ils tous a leur tour.
Et la foule s'ouvre devant eux comme devant la proue d'un
vaisseau. En ce moment d'Artagnan et Menneville se trouverent face
a face.
-- Passage! passage! s'ecrie Menneville en voyant qu'il n'a plus
que le bras a etendre pour toucher la porte.
-- On ne passe pas! dit d'Artagnan.
-- Tiens, dit Menneville en lachant son coup de pistolet presque a
bout portant.
Mais avant que le rouet ait tourne, d'Artagnan a releve le bras de
Menneville avec la poignee de son epee et lui a passe la lame au
travers du corps.
-- Je t'avais bien dit de te tenir tranquille, dit d'Artagnan a
Menneville qui roula a ses pieds.
-- Passage! passage! crient les compagnons de Menneville
epouvantes d'abord, mais qui se rassurent bientot en s'apercevant
qu'ils n'ont affaire qu'a deux hommes.
Mais ces deux hommes sont deux geants a cent bras, l'epee voltige
entre leurs mains comme le glaive flamboyant de l'archange. Elle
troue avec la pointe, frappe de revers, frappe de taille. Chaque
coup renverse son homme.
-- Pour le roi! crie d'Artagnan a chaque homme qu'il frappe,
c'est-a-dire a chaque homme qui tombe.
Ce cri devient le mot d'ordre des mousquetaires, qui, guides par
lui, rejoignent d'Artagnan.
Pendant ce temps les archers se remettent de la panique qu'ils ont
eprouvee, chargent les agresseurs en queue, et, reguliers comme
des moulins, foulent et abattent tout ce qu'ils rencontrent. La
foule, qui voit reluire les epees, voler en l'air les gouttes de
sang, la foule fuit et s'ecrase elle-meme.
Enfin des cris de misericorde et de desespoir retentissent; c'est
l'adieu des vaincus. Les deux condamnes sont retombes aux mains
des archers.
D'Artagnan s'approche d'eux, et les voyant pales et mourants:
-- Consolez-vous, pauvres gens, dit-il, vous ne subirez pas le
supplice affreux dont ces miserables vous menacaient. Le roi vous
a condamnes a etre pendus. Vous ne serez que pendus. Ca! qu'on les
pende, et voila tout.
Il n'y a plus rien a l'Image-de-Notre-Dame. Le feu a ete eteint
avec deux tonnes de vin a defaut d'eau. Les conjures ont fui par
le jardin. Les archers entrainent les patients aux potences.
L'affaire ne fut pas longue a partir de ce moment.
L'e
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