ur, une poesie legere de ma composition.
-- Legere! Allons donc, monsieur, la presse criait que c'etait
pitie. Que cela ne vous arrive plus, entendez-vous?
-- Non, monsieur.
-- Vous me le promettez?
-- Je le promets.
-- C'est bien; pour cette fois, je vous pardonne. Allez!
Le poete se retira avec la meme humilite dont il avait fait preuve
en arrivant.
-- Eh bien! maintenant que nous avons lave la tete a ce drole,
dejeunons, dit Porthos.
-- Oui, dit d'Artagnan, dejeunons.
-- Seulement, dit Porthos, je vous ferai observer, mon ami, que
nous n'avons que deux heures pour notre repas.
-- Que voulez-vous! nous tacherons d'en faire assez. Mais pourquoi
n'avons-nous que deux heures?
-- Parce que la maree monte a une heure, et qu'avec la maree je
pars pour Vannes. Mais, comme je reviens demain, cher ami, restez
chez moi, vous y serez le maitre. J'ai bon cuisinier, bonne cave.
-- Mais non, interrompit d'Artagnan, mieux que cela.
-- Quoi?
-- Vous allez a Vannes, dites-vous?
-- Sans doute.
-- Pour voir Aramis?
-- Oui.
-- Eh bien! moi qui etais venu de Paris expres pour voir Aramis...
-- C'est vrai.
-- Je partirai avec vous.
-- Tiens! c'est cela.
-- Seulement, je devais commencer par voir Aramis, et vous apres.
Mais l'homme propose et Dieu dispose. J'aurai commence par vous,
je finirai par Aramis.
-- Tres bien!
-- Et en combien d'heures allez-vous d'ici a Vannes?
-- Ah! mon Dieu! en six heures. Trois heures de mer d'ici a
Sarzeau, trois heures de route de Sarzeau a Vannes.
-- Comme c'est commode! Et vous allez souvent a Vannes, etant si
pres de l'eveche?
-- Oui, une fois par semaine. Mais attendez que je prenne mon
plan.
Porthos ramassa son plan, le plia avec soin et l'engouffra dans sa
large poche.
-- Bon! dit a part d'Artagnan, je crois que je sais maintenant
quel est le veritable ingenieur qui fortifie Belle-Ile. Deux
heures apres, a la maree montante, Porthos et d'Artagnan partaient
pour Sarzeau.
Chapitre LXXI -- Une procession a Vannes
La traversee de Belle-Ile a Sarzeau se fit assez rapidement, grace
a l'un de ces petits corsaires dont on avait parle a d'Artagnan
pendant son voyage, et qui, tailles pour la course et destines a
la chasse, s'abritaient momentanement dans la rade de Locmaria, ou
l'un d'eux, avec le quart de son equipage de guerre, faisait le
service entre Belle-Ile et le continent.
D'Artagnan eut l'occasion de se convaincre cette
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