son esprit. Athos ferma donc soigneusement les portes,
et il en confia les clefs a Grimaud, lequel avait elu son domicile
sous l'appentis meme qui conduisait au cellier ou les barils
avaient ete enfermes.
Le sergent escorta le comte de La Fere jusqu'au camp. La, une
garde nouvelle attendait et relaya les quatre hommes qui avaient
conduit Athos.
Cette garde nouvelle etait commandee par l'aide de camp Digby,
lequel, durant le trajet, attacha sur Athos des regards si peu
encourageants, que le Francais se demanda d'ou venaient a son
endroit cette vigilance et cette severite, quand la veille il
avait ete si parfaitement libre.
Il n'en continua pas moins son chemin vers le quartier general,
renfermant en lui-meme les observations que le forcaient de faire
les hommes et les choses. Il trouva sous la tente du general ou il
avait ete introduit la veille trois officiers superieurs;
c'etaient le lieutenant de Monck et deux colonels. Athos reconnut
son epee; elle etait encore sur la table du general, a la place ou
il l'avait laissee la veille.
Aucun des officiers n'avait vu Athos, aucun par consequent ne le
connaissait. Le lieutenant de Monck demanda alors, a l'aspect
d'Athos, si c'etait bien la le meme gentilhomme avec lequel le
general etait sorti de la tente.
-- Oui, Votre Honneur, dit le sergent, c'est lui-meme.
-- Mais, dit Athos avec hauteur, je ne le nie pas, ce me semble;
et maintenant, messieurs, a mon tour, permettez-moi de vous
demander a quoi bon toutes ces questions, et surtout quelques
explications sur le ton avec lequel vous les demandez.
-- Monsieur, dit le lieutenant, si nous vous adressons ces
questions, c'est que nous avons le droit de les faire, et si nous
vous les faisons avec ce ton, c'est que ce ton convient, croyez-
moi, a la situation.
-- Messieurs, dit Athos, vous ne savez pas qui je suis, mais ce
que je dois vous dire, c'est que je ne reconnais ici pour mon egal
que le general Monck. Ou est-il? Qu'on me conduise devant lui, et
s'il a, lui, quelque question a m'adresser, je lui repondrai, et a
sa satisfaction, je l'espere. Je le repete, messieurs, ou est le
general?
-- Eh mordieu! vous le savez mieux que nous, ou il est, fit le
lieutenant.
-- Moi?
-- Certainement, vous.
-- Monsieur, dit Athos, je ne vous comprends pas.
-- Vous m'allez comprendre, et vous-meme d'abord, parlez plus bas,
monsieur. Que vous a dit le general, hier?
Athos sourit dedaigneusement.
-- Il ne s
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