ns que nous avons trouves dans les feuilles du Journal
d'Ottilie. Nous ne croyons pouvoir mieux preparer nos lecteurs a ce
passage, qu'en leur communiquant la comparaison que ces gracieuses
feuilles nous ont suggeree.
En Angleterre tous les cordages de la marine royale sont traverses
par un fil rouge qu'on ne saurait faire disparaitre sans detruire le
travail du cordier qui ne les a enlaces ainsi, que pour prouver a tout
le monde que ces cordages appartiennent a la couronne de la grande
Bretagne. C'est ainsi qu'a travers le Journal d'Ottilie regne le fil
d'un tendre penchant qui unit entre elles les observations et
les sentences, et fait de leur ensemble un tout qui appartient
specialement a cette jeune fille!
Nous esperons que les extraits de ce Journal, que nous citerons a
plusieurs reprises, suffiront pour justifier notre comparaison.
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EXTRAIT DU JOURNAL D'OTTILIE.
"Toutes les fois que la pensee de l'homme depasse la vie d'ici bas,
il ne saurait rien esperer de plus doux que de dormir aupres des
personnes qu'il a aimees. Comme elle est chaleureuse, comme elle part
sincerement du coeur, cette phrase si simple: Aller rejoindre les
siens!
"Il y a plus d'une maniere de perpetuer le souvenir d'une personne
morte ou absente; la meilleure de toutes est, sans contredit, le
portrait. Lors meme qu'il ne serait pas parfaitement ressemblant, il
charme et attire; et l'on aime a s'entretenir avec lui, comme on
aime parfois a discuter avec un ami; car alors, seulement, on sent
distinctement qu'on est a deux, et qu'il serait impossible de se
separer.
"Combien de fois l'ami present n'est-il pour nous autre chose qu'un
portrait! Il ne nous parle pas, il ne s'occupe pas de nous, mais nous
nous occupons de lui en nous abandonnant au plaisir de le regarder;
nous sentons ce qu'il est pour nous, et souvent notre affection
augmente sans qu'il ait contribue a ce resultat plus que n'aurait pu
le faire son portrait.
"On n'est jamais content du portrait d'une personne qu'on aime, voila
ce qui me fait plaindre sincerement les peintres de portraits. On leur
demande l'impossible; on veut qu'ils representent la personne non
telle qu'ils la voient, ou qu'elle est en effet, mais telle que
l'exige la nature de ses rapports avec les individus qui regardent
cette representation, et qui y cherchent, non la verite, mais la
justification de leur affection ou de leur haine. Il est donc
bien naturel
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