halance et
son dehanchement habituels, Harel avec un regard plus profond sous un
front qui semblait plus proeminent que jamais, Nareval machonnant ses
levres par saccades, tandis que Laurier tortillait sa moustache, la
rabattait, au lieu de la retrousser glorieusement, et paraissait
chercher de ses yeux inquiets un trou ou s'abriter.
Pur gaspillage que l'emotion ce jour-la. Ou les ombres lointaines
n'etaient reellement que des buissons creux, ou bien elles avaient
recule, fui, a notre approche. Le canon avait cesse de gronder. Nous
avions eu devant nous, probablement, quelques detachements des troupes
qui venaient d'ecraser les francs-tireurs girondins dans le parc de
Varize. Ils avaient par contre trouve un habile adversaire dans le
colonel Lipowski, et ils avaient juge prudent de se replier a la vue du
deploiement de tout un corps d'armee.
Qu'il eut ete imaginaire ou qu'il se fut derobe, l'adversaire manquait.
Une batterie prit position avec un bataillon de soutien, pour garder a
tout evenement nos derrieres. Puis le 17e corps repartit en colonne vers
l'est, dans la direction de Coulmiers, par Charsonville. Au bout d'une
heure, nous trouvames la route gardee par le premier poste du 16e corps,
que le general Chanzy avait porte en avant la veille. Il nous laissait
les emplacements qu'il avait occupes depuis sa victoire. Des lors, nous
cheminames sur le champ de bataille, reconnaissable aux travaux de
defense improvises a droite et a gauche, au ravage cause dans les arbres
par l'ouragan de l'artillerie et de la fusillade, et, comme aux portes
de Chateaudun, a des carcasses de chevaux dont se repaissaient des nuees
de corbeaux.
Tandis que le general de Sonis etablissait son quartier general a
Coulmiers meme, avec son artillerie toujours entouree de la legion
bretonne, le corps d'armee forma ses bivouacs aux environs. Le 31e alla
dresser ses tentes dans le parc de la Renardiere: nous fumes postes pres
de Huisseau-sur-Mauve, a la lisiere du bois de Montpipeau. Doux noms du
beau pays de France, mieux faits pour evoquer de poetiques legendes que
pour servir de points de repere dans de tristes etapes.
V
Malgre la rigueur de la temperature, la nuit fut excellente. Le bois
voisin nous avait fourni notre sommier, il est vrai, c'est-a-dire des
branches mortes, et nous avions touche dans le village de la paille
fraiche pour former le matelas; mais la satisfaction d'une journee bien
remplie contribua plus encore a not
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