petit bois Bourgeon, qu'on a depuis
nomme le Bois des Zouaves. Il vint briser d'un coup de feu, tire a tres
courte portee, la cuisse du general de Sonis, qui se vit ajuste sans
pouvoir atteindre son adversaire.
Le general, quelques instants avant de tomber, avait, parait-il, charge
son chef d'etat-major d'aller chercher au moins le 48e de marche; mais
le general de Bouille, lui aussi, fut atteint par un eclat d'obus.
Jete a terre sans connaissance, il ne put accomplir sa mission ni la
transmettre a un autre. Pendant ce temps, la plupart de ceux qui avaient
suivi le general en chef tombaient a leur tour sous les coups des
Bavarois et des Prussiens.
Ils n'eurent meme pas la joie de degager les bataillons du 37e de
marche, qui depuis plusieurs heures se defendaient bravement dans le
cimetiere. Un millier d'hommes lutterent la, contre dix mille, et ne
laisserent tomber leurs armes que cernes, harasses, ecrases, vaincus
surtout par la fumee, et la chaleur suffocante du brasier que commencait
a former le village en flammes.
III
Dans la nuit profonde, les premieres lueurs de l'incendie nous
indiquaient au loin le theatre de notre defaite, et, a notre droite, le
canon tonnait encore, les mitrailleuses grincaient toujours. Derniers
efforts du general Peytavin qui, vers quatre heures, avait apporte
l'appui du 15e corps. Arrete par les troupes du prince Frederic-Charles,
il n'avait pu depasser Poupry; mais sans doute avait-il empeche le
vainqueur de Metz d'aider le grand-duc de Mecklembourg a ecraser tout a
fait le 16e corps. A Poupry aussi la lassitude gagna les combattants, et
le feu de la poudre s'eteignit dans les tenebres.
En revanche, devant nous, les flammes gagnaient, s'elevaient,
enveloppant Loigny dont le clocher se profilait en noir au sein
des langues de feu et dans la nuee rougeatre qui progressivement
s'epaississait et encombrait le ciel. Fort loin a la ronde, le champ de
bataille en etait eclaire, comme par une aurore boreale. Les survivants
sans blessure et les blesses encore ingambes s'eloignaient de cette
lumiere d'enfer, la plupart sans officiers, sans autre guide que
l'instinct qui les poussait a retourner au gite du matin.
Pres de nous vint s'echouer un groupe confus de fantassins et de
mobiles, avec quelques zouaves pontificaux echappes miraculeusement au
carnage. Tous, quoique desorientes, perdus, affirmaient que la journee
nous appartenait. Chacun, sans exception, en toute sincerite, disai
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