ediatement la vue de tous cotes fait craindre
a bon droit les surprises. En plaine, au contraire, et quand la lumiere
du jour vous eclaire, on se sent plus sur de soi, plus hardi et plus
fort, grace a la vaste etendue de pays qui s'offre a vos yeux, grace a
la facilite de s'orienter.
D'autres groupes pareils aux notres s'apercevaient a d'assez grandes
distances. Ils grossissaient, s'agglomeraient, convergeant tous vers le
meme point. Il y avait deja la un indice qu'une pensee unique presidait
a cette marche, si irreguliere qu'elle fut encore. Ce premier gage
nous encourageait, nous stimulait. Nous n'avions pas tort de reprendre
espoir.
BATAILLE
I
Le commandement superieur veillait, en effet, il agissait et vivement
reagissait sur cette multitude d'individus epars dont il allait en deux
jours refaire une armee compacte, valeureuse et redoutable, suivant
l'aveu de nos ennemis. "Ainsi, est-il dit dans le travail historique
du grand etat-major prussien, tandis que la 25e division flanquait le
mouvement sur la rive gauche de la Loire, le 6 et le 7 decembre sur la
rive droite, la subdivision d'armee du grand-duc se trouvait aux prises,
sur tout son front, c'est-a-dire sur 20 kilometres environ, avec des
masses ennemies en etat de soutenir la lutte et d'opposer une resistance
tres vive."
Certes ce n'etait pas sans une volonte ferme, sans une perpetuelle
vigilance, qu'un tel resultat pouvait etre obtenu. A tous les
carrefours, a chaque fourche de route, se trouvait un officier
d'etat-major, plante la comme un poteau indicateur. L'un apres l'autre,
ils designaient aux hommes desorientes la direction a suivre pour
atteindre la localite qui avait ete assignee a chaque corps, dans la
nouvelle ligne de bataille que venait d'arreter le general Chanzy.
Entre la Loire et la foret de Marchenoir, cette ligne s'etendait sur un
espace de 11 kilometres, de Beaugency jusqu'a Lorges, ou nous avions
fusille un soldat du 51e. Le quartier general etait a Josnes. Le 17e
corps, au centre, devant lui. Le 16e corps, dont la premiere division
seule etait presente, les deux autres s'etant egarees, forma d'abord
l'aile gauche, puis fut porte a droite, a Villorceau, tout contre
la division independante du general Camo. L'aile gauche fut alors
constituee au moyen d'une division du 21e corps: recemment organise sous
le commandement de l'amiral Jaures, il avait en outre mission de garder
la foret de Marchenoir, ce qui etendait de pl
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