adame Pretavoine avait
pris une voiture et s'etait fait conduire chez Mgr de la Hotoie: mais
celui-ci n'etait pas a Rome, et tout ce qu'elle put apprendre d'un
domestique qui baragouinait a peu pres le francais, ce fut ce
renseignement desolant que "monsignore ne reviendrait pas avant douze ou
quinze jours."
Cela la mettait dans l'impossibilite de rien entreprendre, car
elle etait bien decidee a se conformer aux instructions de l'abbe
Guillemittes et a ne pas faire un pas sans l'approbation du guide qu'il
lui avait donne.
Pour son activite, pour son impatience, pour ses principes d'economie,
cette inaction etait exasperante: a quoi, comment passer le temps et ne
pas perdre tout a fait l'argent qu'on depensait?
--Nous visiterons Rome, dit Aurelien.
Mais visiter les monuments est un plaisir, et ce n'etait point pour
son plaisir que madame Pretavoine etait venue a Rome, c'etait pour une
affaire, au succes de laquelle on devait tout ramener.
Apres avoir cherche et discute le possible et le meilleur, il fut arrete
que pendant que madame Pretavoine ferait chaque matin pieuses stations
dans l'une des 389 eglises de Rome, Aurelien irait travailler a la
bibliotheque du Vatican, de neuf heures a midi, temps pendant lequel
elle est ouverte.
Puis, par l'entremise de Vaunoise, Aurelien ferait demander une audience
au Saint-Pere, afin de recevoir sa benediction et de prendre date de son
arrivee.
Quant a madame Pretavoine, elle ne se presenterait au Vatican qu'apres
le retour de Mgr de la Hotoie, avec qui elle voulait s'entendre pour
bien arreter ce qu'elle devait dire et pouvait demander.
La bibliotheque du Vatican est disposee d'une facon caracteristique, qui
prouve le cas qu'on fait a Rome des livres ou des manuscrits: sa
salle principale, divisee en deux nefs par des piliers, est entouree
d'armoires a portes pleines qui couvrent les murs; ces armoires sont
fermees a clef. Que renferment-elles? Sans doute les conservateurs le
savent, mais le public l'ignore.
Ce n'est pas par, seulement par la, que cette bibliotheque ne ressemble
en rien a notre Bibliotheque nationale ou a celle du _British Museum_,
c'est encore par les lecteurs qui la frequentent; car, a part quelques
scribes qui copient des manuscrits orientaux, grecs ou latins, pour des
savants etrangers qui ont eu assez d'influence pour obtenir qu'ils
leur soient communiques, ce qui n'est pas une petite affaire, les
travailleurs serieux qu'on y voit sont for
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