uisqu'il trouve, pour
alimenter ses depenses de jeu, des ressources dans la generosite de sa
mere; mais comme cette mere ne possede rien par elle-meme et ne donne de
la main gauche que ce qu'elle recoit de la main droite...
--Ou plutot donne de la main droite ce qu'elle recoit de la main gauche.
--Parfaitement, dit madame Pretavoine en riant de cette plaisanterie,
il s'ensuit que le jour ou madame de la Roche-Odon n'aura plus rien a
donner par cette raison toute-puissante qu'elle ne recevra plus, le
prince Michel, s'il veut continuer l'existence qu'il mene, ne trouvera
plus de ressources qu'aupres de sa soeur; c'est alors qu'il tachera de
la marier suivant les idees qu'il m'exposait tantot. Le mari que la mere
et le fils voudront donner a Berengere sera donc un homme en qui ils
auront mis leur esperance.
La marche a suivre etait donc clairement indiquee: 1 deg. brouiller madame
de la Roche-Odon et lord Harley; 2 deg. gagner les bonnes graces de madame
de la Roche-Odon et du prince Michel.
Ah! la journee avait ete reellement heureuse, et leur temps a tous deux
avait ete bien employe.
Cependant, au milieu de cette joie, madame Pretavoine eprouvait une
contrariete assez vive.
De toutes les lettres de recommandation et de presentation dont elle
s'etait munie, la plus importante etait celle que lui avait donnee
l'abbe Guillemittes pour Mgr de la Hotoie, eveque de Nyda _in partibus
infidelium_, prefet de la daterie apostolique, etc., etc.
Autrefois camarade de l'abbe Guillemittes, Mgr de la Hotoie etait reste
son ami fidele et devoue: c'etait Mgr de la Hotoie qui avait fait
obtenir un titre de _monsignore_ a l'abbe Guillemittes, et c'etait sur
lui que celui-ci comptait pour devenir eveque de Conde.
Dans les entretiens qu'il avait eus avec madame Pretavoine, l'abbe
Guillemittes avait recommande a sa penitente de ne point faire un pas a
Rome sans consulter Mgr de la Hotoie, et de se laisser en tout et pour
tout guider par celui-ci.
De plus, dans sa lettre il avait explique a son ami dans quel but madame
Pretavoine entreprenait ce voyage de Rome; il lui avait dit toute
l'importance du mariage qu'elle poursuivait; il lui avait montre comment
elle pouvait le realiser; et enfin en lui demandant ses conseils ainsi
que son influence, il avait adroitement insinue que celui qui ferait
obtenir a madame Pretavoine ce qu'elle desirait ne perdrait ni son temps
ni sa peine.
En sortant de chez madame de la Roche-Odon, m
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