ibliotheque ne prenaient pas tout le
temps d'Aurelien; de midi au soir, il etait libre, et, bien qu'il eut
propose a sa mere de visiter Rome, en attendant le retour de Mgr de la
Hotoie, ce n'etait point aux monuments, eglises ou musees, qu'il donnait
ses heures de liberte.
Ce n'etait point la curiosite historique ou artistique qui l'avait amene
en Italie. C'etait une affaire, et il tenait de sa mere par ce cote
pratique, que, pour lui comme pour elle, les affaires devaient passer et
passaient avant tout.
Les monuments, les tableaux, les statues, les ruines seraient toujours
la; plus tard, quand il aurait l'esprit libre, il s'acquitterait de ses
devoirs de politesse envers eux; ce n'etait pas lui qui dirait jamais "A
demain les choses serieuses."
Pour le moment, la chose serieuse c'etait d'entrer en relations avec le
frere de Berengere et de tout faire pour se lier avec lui.
Pour cela, Aurelien avait compte sur M. de Vaunoise, mais comme il
n'etait point dans ses habitudes de prendre les routes droites pour se
diriger vers son but, il s'etait bien garde de dire franchement a son
ami ce qu'il attendait de lui, et il s'etait contente de lui demander
de faire pour le monde de Rome, ce que dans leur premiere promenade, il
avait fait pour les monuments; ce serait vraiment jouer de malheur si,
dans ce chemin detourne, il ne se trouvait pas face a face avec le jeune
prince Michel.
Malgre sa finesse, M. de Vaunoise ne s'etait nullement doute du role
qu'on lui donnait a jouer, et il s'etait mis d'autant plus volontiers
a la disposition de son ancien camarade, que ce qu'on lui demandait
l'amusait lui-meme.
--Tous les jours tu me trouveras dans le Corso ou au Pincio, et en moins
d'une semaine je veux te faire connaitre notre monde comme si tu l'avais
etudie pendant plusieurs mois; tu sais que le Corso est pour nous ce
qu'est le boulevard des Italiens pour Paris, et le Pincio ce que sont
les Champs-Elysees; tu verras donc defiler devant toi tout ce qui compte
a Rome, et puisque cela t'amuse, je te raconterai l'histoire de chacun,
surtout de chacune; il y en a de droles.
--Aussi curieuses que celles de madame de la Roche-Odon?
--Mais oui; les etrangers et les etrangeres qui viennent a Rome n'y sont
point tous amenes par la pensee de faire leur salut.
--Malheureusement, helas!
Cela fut dit avec componction, en chretien qui pleure sur la perversite
de son temps.
Chaque jour Aurelien s'en allait donc par le Cors
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