moignes quand elle a voulu
revoir le poete. Bien mieux, nous n'y trouvons mentionnee qu'une
rencontre avec George Sand, depuis leur arrivee a Paris.... Reprenons-le
ou nous l'avions coupe:
--Nous en etions a prendre conge l'un de l'autre pour nous revoir dans
trois mois, mais elle croyait que peut-etre nous ne nous reverrions
plus et, sans manifester ce doute qui dans ce moment lui etait
penible, elle redoubla avec moi de courtoisies et d'offres, me priant
de ne pas abandonner aussitot l'occasion que je trouvais a Paris de
cultiver les etudes de ma profession. Aucune mere n'aurait parle avec
une affection plus raisonnee. J'en fus touche au fond de l'ame.
Pour faire ce voyage, j'avais recueilli le peu d'argent que j'avais pu
et vendu quelques objets precieux. De plus, j'avais expedie d'avance
a Paris quatre tableaux a l'huile de Zucarelli pour les vendre et
pouvoir demeurer quelques mois dans la capitale de la France.--George
Sand, avec son exquise courtoisie, me dit alors: "Les tableaux
partiront avec moi demain pour la Chatre ou un amateur de mes amis en
fera surement l'acquisition, aussi je te prie de me laisser le soin de
cette affaire et de vivre tranquille. Dans peu de jours, mon excellent
Boucoiran, que je te laisse en place de frere, t'en comptera
l'argent." Je repondis a tout cela par une poignee de main qui fut
comprise comme le plus eloquent discours. Le matin suivant, Boucoiran
frappait a ma porte et me trouvait prepare a le suivre au secretariat
de l'Hotel-Dieu. On me delivra un permis de pratique pour tous les
grands hopitaux de Paris. Ayant visite l'Hotel-Dieu et ensuite la
Charite, ou je fus presente a Lisfranc, qui m'accueillit avec grande
courtoisie, j'allai avec mon Mentor faire une visite d'un autre
genre a M. Buloz, Savoyard, directeur de la _Revue des Deux Mondes_.
Boucoiran portait un gros paquet et il le lui remit; c'etait le second
volume de _Jacques_, ecrit chez moi a Venise. "Elle est donc arrivee?
dit Buloz.--Oui, repondit Boucoiran,--Depuis quand?--Depuis deux
jours.--Cette diablesse de femme me fait devenir fou; voici un
volume que j'attends depuis un mois! Mais on m'a dit qu'elle s'etait
entortillee dans un nouvel amour avec un comte italien." Boucoiran
sourit et moi je rougis. Buloz demeura comme une statue; pendant ce
temps-la, je me detournai pour regarder quelques estampes qui ornaient
la piece, et Boucoiran dit quelqu
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