rs, il desire qu'elle parte.--"Pardonne-moi de t'avoir
fait souffrir et sois bien venge."--Elle partira.
--Musset s'etait montre plus fort que ses amis ne l'avaient espere. Sans
doute aussi son amour cedait-il a l'exces des souffrances, y laissant
entrer l'orgueil a son tour.
Il eprouva d'abord un grand soulagement du depart de George Sand.
Celle-ci, qui n'avait pas rompu encore avec M. Dudevant, rentrait a
Nohant pour la troisieme fois depuis son retour de Venise.--A peine
installee, elle ecrit a son cher confident Sainte-Beuve, et lui expose
l'etat de son coeur. Il lui a fallu quelques jours pour se reprendre;
mais le reveil a ete assez doux. Elle a retrouve ses fideles amis.
Alfred lui a ecrit affectueusement, "se repentant beaucoup de ses
violences. Son coeur est si bon dans tout cela!"--"Je ne desire plus le
revoir, ajoute-t-elle, cela me fait trop de mal. Mais il me faudra de la
force pour lui refuser des entrevues... Il ne m'aime plus, mais il est
toujours tendre et repentant apres la colere... et je me retrouverai
tout a coup l'aimant et ayant travaille en vain a me detacher." Et elle
promet a Sainte-Beuve qu'elle aura la force de le fuir[144].
[Note 144: _Revue de Paris_ du 15 nov. 1896, p. 291.]
Vaines paroles! Un mois s'ecoule a peine, George Sand est de retour a
Paris. Elle retrouve Musset qui, lui non plus, ne peut se passer d'elle,
et c'est par un cri de triomphe qu'elle nous apprend cette nouvelle
victoire de l'amour. Se souvenant d'Alfred Tattet avant tous,--son
ennemi pour avoir ete trop l'ami du repos de Musset,--elle lui ecrit le
14 janvier 1835: "Monsieur, il y a des operations chirurgicales fort
bien faites et qui font honneur a l'habilete du chirurgien, mais qui
n'empechent pas la maladie de revenir. En raison de cette possibilite,
Alfred est redevenu mon amant." Et sans rancune, elle l'invite a diner
_chez eux_[145].
[Note 145: Lettre publiee par M. Clouard, article cite, p. 735.]
Tattet garda ses convictions et son attitude. Six semaines plus tard,
craignant d'etre compromise au sujet des tableaux que Pagello avait
apportes d'Italie, dans la discretion dont elle avait use en les payant
a celui-ci sans avoir reellement pu les vendre, George Sand ecrivait
encore a Tattet qui etait reste l'ami du Venitien, pour le prier de
se charger de ses tableaux. Mais le ton de cette lettre temoigne
d'hostilites persistantes: "Si votre amour de la verite vous a commande
de me nuire, ecrit-elle, il do
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