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it vous commander de me rehabiliter sous les rapports par ou je le merite[146]." [Note 146: Lettre publiee par M. Clouard, article cite, p. 736.] Cette reprise des deux amants ne resta pas longtemps prospere. Elle n'etait pas plus viable que les precedentes. Musset avait prononce d'avance la condamnation de cette poursuite obstinee du bonheur. Au retour de Venise, versant son amertume resignee dans la plus touchante de ses fictions: _On ne badine pas avec l'amour,_ il avait ete prophete de sa propre histoire. Ecoutons la plainte de Perdican: "Orgueil, le plus fatal des conseillers humains, qu'es-tu venu faire entre cette femme et moi? La voila pale et effrayee qui presse sur les dalles insensibles son coeur et son visage. Elle aurait pu m'aimer et nous etions nes l'un pour l'autre; qu'es-tu venu faire sur nos levres, orgueil, lorsque nos mains allaient se joindre? "Insenses que nous sommes! Nous nous aimons. Quel songe avons-nous fait, Camille? Quelles vaines paroles, quelle miserable folie ont passe comme un vent funeste entre nous deux? Lequel de nous a voulu tromper l'autre[147]?..." [Note 147: _On ne badine pas avec l'amour,_ acte III, sc. VIII.] La triste Camille, la pauvre George Sand, repond a ces stances douloureuses, par ses lettres navrees du fatal hiver de 1835: "Je ne t'aime plus, mais je t'adore toujours. Je ne veux plus de toi, mais je ne puis m'en passer... Adieu. Reste, pars, seulement ne dis pas que je ne souffre pas... Mon seul amour, ma vie, mes entrailles, mon frere, mon sang, allez-vous-en, mais tuez-moi en partant." Il n'est plus question que de depart dans les lettres de l'un et de l'autre. Musset envoie-t-il a sa maitresse ce billet repentant: "Mon enfant, viens me voir ce soir, je t'en prie. Je t'ai ecrit sans reflechir, et si je t'ai parle durement, c'est sans le vouloir. Viens, si tu me crois." Le lendemain, l'ayant revue, il lui fait ses adieux, et meme lui assure que sa place est retenue dans la malle-poste de Strasbourg. Ils se renvoient chacun les objets qui appartiennent a l'autre, "les oripeaux des anciens jours de joie"; ils se disent encore adieu, et puis n'ont plus la force de partir... Parmi ces billets un peu monotones, une derniere lettre de Musset, qui est precieuse. Le voila sensiblement epuise. Leur amour lui est apparu comme la realisation tragique de _Lelia._ Stenio, c'est lui, mais vivant, non plus endormi sous les roseaux du lac, mais assistant a ses
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