ns fameuses, il est avere que
le tendre et seduisant Rolla inspira, dans le monde, maints caprices
passionnes. On en pourrait citer une quinzaine, et des plus...
honorables, jusqu'en 1850.--Toutes ces aventures peserent bien peu sur
sa vie.
Depuis 1835, il promenait dans ses amours un sombre desenchantement. Si
le Musset de George Sand n'etait plus Fortunio,--l'ami de Rachel, de
la comtesse polonaise, de Louise Colet ne retrouvait pas son amour de
Venise. Sa rupture avec Lelia avait fletri en lui la foi et l'esperance.
--Apres la plainte de sa lassitude infinie et le chant de son desespoir,
apres la _Nuit de Mai_ et la _Nuit de Decembre_, il se revolte contre sa
douleur, en prend a temoin le poete "qui sait aimer", puis se releve
a la pensee de l'immortalite. C'est la _Lettre a Lamartine_ (fevrier
1836):
Creature d'un jour qui t'agites une heure,
De quoi viens-tu te plaindre et qui te fait gemir?
..................................................
Tes os dans le cercueil vont tomber en poussiere;
Ta memoire, ton nom, ta gloire vont perir,
Mais non pas ton amour, si ton amour t'est chere:
Ton ame est immortelle et va s'en souvenir.
Cette austere consolation ne saurait suffire a son coeur. La creature
est faite pour aimer, pour etre aimee.
C'est la _Nuit d'Aout_ (1836):
Depouille devant tous l'orgueil qui te devore,
Coeur gonfle d'amertume et qui t'es cru ferme;
Aime, et tu renaitras; fais-toi fleur pour eclore.
Apres avoir souffert il faut souffrir encore;
Il faut aimer sans cesse apres avoir aime.
Mais le souvenir de l'unique aimee veille. Le retour invincible au passe
apporte la colere, la haine et le pardon... Il faudrait citer toute la
_Nuit d'Octobre_ (1837):
...Vous saurez tout, et je vais vous conter
Le mal que peut faire une femme;
Car c'en est une, o mes pauvres amis
(Helas! vous le saviez peut-etre)!
C'est une femme a qui je fus soumis,
Comme le serf l'est a son maitre.
Joug deteste! c'est par la que mon coeur
Perdit sa force et sa jeunesse;
Et cependant, aupres de ma maitresse,
J'avais entrevu le bonheur.
Pres du ruisseau, quand nous marchions ensemble,
Le soir sur le sable argentin,
Quand devant nous le blanc spectre du tremble
De loin nous montrait le chemin;
Je vois encore, aux rayons de la lune,
Ce beau corps plier dans mes bras...
N'en parlons plus...--je ne prevoyais pas
Ou me conduisait la Fortune.
Sans doute alors
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