de ton fils, dis-toi que j'aime; crois-le, mon enfant.
Punis-moi, ne me condamne pas. Tiens, je ne sais ce que je dis, je
suis au desespoir. Je t'ai offensee, affligee; je t'ai fatiguee; comme
je t'ai quittee; oh, insense! Et quand j'ai eu fait trois pas, j'ai
cru que j'allais tomber. Ma vie, mon bien supreme, pardon, oh! pardon
a genoux! Ah! pense a ces beaux jours que j'ai la dans le coeur, qui
viennent, qui se levent, que je sens la! Pense au bonheur! Helas,
helas, si l'amour l'a jamais donne! George, je n'ai jamais souffert
ainsi. Un mot, non pas un pardon: je ne le merite pas. Mais dis
seulement: _J'attendrai_. Et moi, Dieu du ciel, il y a sept mois que
j'attends, je puis en attendre encore bien d'autres. Ma vie, doutes-tu
de mon pauvre amour? O mon enfant, crois-y, ou j'en mourrai.
Tant d'emotions brisent. Elle a pardonne; mais le voici malade. "--J'ai
une fievre de cheval.... Comment donc faire pour te voir?" Il est chez
sa mere. Papet ou Rollinat pourraient entrer d'abord, puis l'introduire,
elle, "quand il n'y aurait personne".
George Sand a entendu l'appel de "son pauvre enfant"; elle ira le
soigner si sa mere ne s'y oppose. Mais comment s'y prendre? "--Je peux
mettre un tablier et un bonnet a Sophie. Ta soeur ne me connait pas; ta
mere ferait semblant de ne pas me reconnaitre, et je passerais pour une
garde. Laisse-moi te veiller cette nuit, je t'en supplie."--Mme Lardin
de Musset m'a conte que George Sand etait venue, en effet, sous le
costume de sa servante et qu'elle avait veille son frere maternellement.
Alfred Tattet avait deconseille Musset de renouer des relations qui
brulaient sa vie. Ne parvenant pas a le persuader, il cessa de le
voir. Musset n'aimait point les observations; il tenait, neanmoins, a
l'affection de son vieil ami. Le 28 octobre, G. Sand ecrit a Alfred
Tattet: "J'apprends que j'ai ete la cause indirecte et tres involontaire
d'un differend entre vous et Alfred." Elle serait fachee qu'il en fut
ainsi, et l'engage a venir causer.--Vraisemblablement, Tattet invoqua
des pretextes pour ne pas s'y rendre, et Musset en eut du depit.
Mais on clabaudait sur la reconciliation des deux amants. Gustave
Planche recommencait les potins de l'ete. Musset le provoqua en duel.
Il lui envoya, le 8 novembre, ce billet categorique:
Monsieur,
Il m'est revenu par plusieurs personnes que vous auriez tenu sur mon
compte des propos d'une nature telle que je ne peux ni ne
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