e publie le prelat. Il ne nous
fait connoitre ni les lois, ni les moeurs, ni les usages des peuples, ni
ce qui concerne les lieux et la contree qu'il parcourt, mais les reliques
et les objets de devotion qu'on y reveroit.
Ainsi dans son premier livre, qui traite de Jerusalem, il vous parlera de
la colonne ou Jesus fut flagelle, de la lance qui lui perca le cote, de son
suaire, d'une pierre sur laquelle il pria et qui porte l'empreinte de ses
genoux, d'une autre pierre sur laquelle il etoit quand il monta au ciel, et
qui porte l'empreinte de ses pieds, d'un linge tissu par la Vierge et qui
le represente: du figuier ou se pendit Judas; enfin de la pierre sur
laquelle expira saint Etienne, etc etc.
Dans son second livre, ou il parcourt les divers lieux de la Palestine que
visitoient les pelerins, il suit les memes erremens. A Jericho, il cite la
maison de la courtisane Raab; dans la vallee de Mambre, les tombeaux
d'Adam, d'Abraham, d'Isaac, de Jacob, de Sara, de Rebecca, de Lia; a
Nazareth, l'endroit ou l'ange vint annoncer a Marie qu'elle seroit mere en
restant vierge; a Bethleem, la pierre sur laquelle Jesus fut lave a sa
naissance; les tombeaux de Rachel, de David, de saint Jerome, de trois des
bergers qui vinrent a l'adoration, etc.
Le troisieme livre enfin est consacre en grand partie a Constantinople;
mais il n'y parle que de la vraie croix, de saint George, d'une image de la
Vierge, qui, jettee par un Juif dans les plus degoutantes ordures, avoit
ete ramassee par un chretien et distilloit une huile miraculeuse.
Pendant bien des siecles, les relations d'outre mer ne continrent que les
pieuses et grossieres fables qu'imaginoient journellement les Orientaux
pour accrediter certains lieux qu'ils tentoient. d'eriger en pelerinages,
et pour soutirer ainsi a leur profit l'argent des pelerins. Ceux-ci
adoptoient aveuglement tous les contes qu'on leur debitoit; et ils
accomplissoient scrupuleusement toutes les stations qui leur etoient
indiquees. A leur retour en Europe, c'etoitla tout ce qu'ils avoient a
raconter; mais cetoitla aussi tout ce qu'on leur demandoit.
Cependant notre saint (car a sa mort il a ete declare tel, ainsi que son
redacteur Adaman) a, dans son second livre, quelques phrases historiques
sur Tyr et sur Damas. Il y parle egalement et avec plus de details encore
d'Alexandrie; et je trouve meme sous ce dernier article deux faits qui
m'ont paru dignes d'attention.
L'un concerne les crocodiles, qu'i
|