l represente comme si multiplies dans la
partie inferieure du Nil, que des l'instant ou un boeuf, un cheval, un ane,
s'avancoient sur les bords du fleuve, ils etoient saisis par eux, entraines
sous les eaux, et devores; tandis qu'aujourd'hui, si l'on en croit le
rapport unanime de nos voyageurs modernes, il n'existe plus de crocodiles
que dans la haute Egypte; que c'est un prodige d'en voir descendre un
jusqu'au Caire, et que du Caire a la mer on n'en voit pas un seul.
L'autre a rapport a cet ile nommee Pharos, dans laquelle le
Ptolemee-Philadelphe fit construire une tour dont les feux servoient de
signal aux navigateurs, et qui porta egalement le nom de Phare. On sait
que, posterieurement a Ptolemee, l'ile fut jointe au continent par un mole
qui, a chacune de ses deux, extremites, avoit un pont; que Cleopatre acheva
l'isthme, en detruisant les ponts et en faisant la digue pleine; enfin
qu'aujourd'hui l'ile entiere tient a la terre ferme. Cependant notre prelat
en parle comme si, de son temps, elle eut ete ile encore: "in dextera parte
portus parva insula habetur, in qua maxima turris est quam, in commune,
Graeci ac Latini, ex ipsius rei usu, Pharum vocitaverunt." Il se trompe sans
doute. Mais, probablement, a lepoque ou il la vit, elle n'avoit que sa
digue, encore: les atterrissemens immenses qui en ont fait une terre, en la
joignant au continent, sont posterieurs a lui; et il n'aura pas cru qu'un
mole fait de main d'homme empechat une ile d'etre ce que l'avoit faite la
nature.
Au neuvieme siecle, nous eumes une autre sorte de Voyage par Hetton, moine
et abbe de Richenou, puis eveque Bale. Cet homme, habile dans les affaires,
et employe comme tel par Charlemagne, avoit ete en 811 envoye par lui en
ambassade a Constantinople. De retour en France, il y publia, sur sa
mission, une relation, que jusqu'ici l'on n'a pas retrouvee, et que nous
devons d'autant plus regretter qu'infailliblement elle nous fourniroit des
details curieux sur un Empire dont les rapports avec notre France etoient
alors si multiplies et si actifs. Peut etre au reste ne doit on pas la
regarder comme tout-a-fait perdue; et il seroit possible qu'apres etre
restee pendant plusieurs siecles ensevelie dans un manuscrit ignore, le
hasard l'amenat un jour sous les yeux de quelqu'un de nos savans, qui la
donneroit au public.
C'est ce qui est arrive pour celle d'un autre moine Francais nomme Bernard;
laquelle, publiee en 870, a ete retrouvee par Mabillon e
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