ce l'art de la peinture et du dessin. Mais je reviens aux
trois traites de notre volume.
Je ne dirai qu'un mot sur la description de la Palestine par Brochard,
parce que l'original Latin ayant, ete imprime elle est connue, et que
Mielot, dans le preambule de sa traduction, assure, ce dont je me suis
convaincu, n'y avoir adjouste rien de sien. Brochard, de son cote, proteste
de son exactitude. Non seulement il a demeure vingt-quatre ans dans le
pays, mais il l'a traverse dans son double diametre du nord au sud, depuis
le pied de Liban jusqu'a Bersabee; et du couchant au levant, depuis la
Mediterranee jusqu'a la mer Morte. Enfin il ne decrit rien qu'il n'ait,
pour me servir des termes de son traducteur, veu corporellement, lui,
estant en iceulx lieux.
La traduction commence au folio 76 de notre volume, et elle porte pour
titre: Le livre de la description de la Terre-Saincte, fait en l'onneur et
loenge de Dieu, et complete jadis, l'an M.III'e.XXXII, par frere Brochard,
l'Aleman, de l'ordre des Preescheurs.
Son second ouvrage etant inedit, j'en parlerai plus au long, mais
uniquement d'apres la traduction de Mielot.
Le volume est compose de deux parties, et porte pour titre, Advis directif
(conseils de marche et de direction) pour faire le passage d'oultremer.
On a pour ce passage, dit Brochard, deux voies differentes, la terre et la
mer; et il conseille au roi de les employer toutes les deux a la fois, la
premiere pour l'armee, la seconde pour le transport des vivres, tentes,
machines, et munitions de guerre, ainsi que pour les personnes qui sont
accoutumees a la mer.
Celle-ci exigera dix a douze galeres, qu'on pourra, par des negociations et
des arrangemens, obtenir des Genois et des Venitiens. Les derniers
possedent Candie, Negrepont et autres iles, terres, ou places importantes.
Les Genois ont Pera, pres de Constantinople, et Caffa, dans la Tartarie.
D'ailleurs les deux nations connoissent bien les vents et les mers d'Asie,
de meme que la langue, les iles, cotes et ports du pays.
Si l'on choisit la voie de mer, on aura le choix de s'embarquer, soit a
Aigues-Mortes soit a Marseille ou a Nice: puis on relachera en Cypre, comme
fit Saint Louis. Mais la mer et le sejour des vaisseaux ont de nombreux
inconveniens, et il en resulte de facheuses maladies pour les hommes et
pour les chevaux. D'ailleurs on depend des vents: sans cesse on est reduit
a craindre les tempetes et le changement de climat. Souvent meme, lor
|